Le Journal de Montreal - Weekend
Un antihéros au grand coeur
Il ne pratique pas le politiquement correct, est vulgaire, brutal, cynique. Lui, c’est Deadpool, nouveau venu dans l’univers cinématographique surpeuplé des superhéros.
Lors de la première mondiale de
Deadpool 2 à Séoul, en Corée du Sud, Ryan Reynolds – une fois n’est pas coutume – a parlé sérieusement de son personnage, de ce nouveau volet… et même de X-Force !
Réalisé par David Leitch (John Wick), ce Deadpool 2 est entouré de mystère. On sait que le méchant est Cable (Josh Brolin), un soldat qui possède la capacité de voyager dans le temps, qu’il traque Russell (Julian Dennison), un jeune mutant, et que Domino (Zazie Beetz) se joint à la X-Force, le groupe de superhéros que met en place Deadpool (Ryan Reynolds).
Hors de question pour Ryan Reynolds, vedette, coscénariste et coproducteur du film, de considérer cette suite comme une simple opération commerciale.
« Nous étions déjà en train d’écrire le second volet pendant que nous faisions le premier. Jamais nous n’aurions pensé que nous le tournerions, mais nous l’avons écrit tout simplement parce que nous aimons le personnage. Si Deadpool connaît un tel succès auprès des fans, c’est parce que toute l’équipe des films aime profondément ce personnage. Et cette sincérité, cette authenticité se transmettent au public. Les fans voient à quel point nous l’aimons, à quel point je l’aime. De jouer Deadpool a été le grand privilège de ma vie professionnelle », a expliqué l’acteur canadien devant un parterre de journalistes coréens.
« Nous avons toujours voulu que ce
deuxième épisode soit un film familial – et je ne pense pas au Roi lion – je veux dire que Deadpool 2 est un film qui explore les relations familiales.
« Le premier était une histoire d’amour déguisée en film tiré d’une BD. Celui-ci est un film familial déguisé en long métrage tiré d’un “comic”. Pour que Deadpool fonctionne et pour que le public y adhère – c’est d’ailleurs une situation unique dans la mesure où le personnage a pour surnom le “mercenaire à la grande gueule” et qu’il est plus grand que nature –, il faut qu’il soit ancré dans la réalité. Et, pour l’ancrer, nous, les scénaristes, devons tout lui enlever. C’est ce que nous avons fait dans les deux films.
« C’est pour cette raison que je suis intéressé par certaines avenues pour l’avenir, comme d’explorer l’équipe X-Force afin de voir Deadpool fonctionner à l’intérieur d’un groupe ou d’une cellule presque familiale », a-t-il souligné, tuant ainsi dans l’oeuf toute rumeur d’un Deadpool 3 exclusivement consacré à cet antihéros.
PAS COMME LES AUTRES…
Au contraire de l’univers de Marvel, conçu pour être grand public, Deadpool choisit de s’adresser aux adultes, une décision consciente et éclairée ainsi que l’a détaillée Ryan Reynolds.
« Aux États-Unis, le film est coté “R” [NDLR : les personnes de moins de 17 ans doivent être accompagnées d’un adulte]. Nous pensons et avons toujours pensé que la meilleure manière de raconter l’histoire de ce personnage de la manière la plus fidèle possible était de conserver ce côté “pour adultes”.
« Cela n’empêche certainement pas les enfants et les adolescents d’aller le voir. Mais les films s’adressent à un public plus vieux. Et c’est ce que j’adore! J’ai grandi en regardant des longs métrages tirés de BD, c’est ce que j’aime. J’ai toujours voulu que les Deadpool repoussent un peu les limites traditionnelles du genre, je suis friand de ce genre d’oeuvres, et c’est pour cette raison que je travaille à porter
Deadpool au grand écran depuis 2004. »
INVENTIFS PAR NÉCESSITÉ
Le premier Deadpool a obtenu un budget de production d’environ 58 millions $ et le deuxième n’a pas eu beaucoup plus. Pour Ryan Reynolds, en tant que producteur, ces restrictions budgétaires ont été salutaires plutôt que contraignantes.
« En raison de notre budget réduit, je joue plus d’un personnage. C’est l’un des “oeufs de Pâques” du film. Au moment du premier, les studios nous avaient retiré 7 millions $ alors que nous entamions notre sixième semaine de tournage. La séquence des “12 balles”, dans laquelle Deadpool doit tuer énormément de méchants avec seulement 12 munitions, nous a été dictée par [ces restrictions]. La nécessité est mère de l’invention, et c’est l’un des meilleurs exemples. J’apprécie énormément cet aspect. Plus nos ressources sont limitées, plus nous sommes inventifs et plus nous devons nous concentrer sur le personnage plutôt que sur le spectaculaire. »
UN AMOUR DE DEADPOOL
« Il est essentiel que Deadpool soit aussi laid que possible, a-t-il expliqué en parlant de l’aspect physique de son personnage. Ainsi, le spectateur se concentre beaucoup plus sur ses autres attributs. Deadpool est vulgaire, prétentieux, mais c’est d’abord et avant tout quelqu’un qui a un grand coeur.
« L’ancrage du film passe par l’émotion. Deadpool est profondément meurtri, endommagé […] Il a constamment besoin de se battre contre quelque chose, mais il a des objectifs simples. Deadpool n’est pas les Avengers, il n’est pas Capitaine America, il ne veut pas sauver le monde, il est trop égoïste pour ça. Dans ce film, il veut sauver un gamin. C’est tout ce qu’il veut.
« J’aime que ses objectifs soient réduits, j’aime qu’il n’ait pas de vision globale, j’aime qu’il vive dans l’instant présent tout simplement parce qu’au fond de lui, Deadpool est un gamin de 15 ans. Il est impétueux, impatient et c’est ce que j’aime en lui. »