Le Journal de Montreal - Weekend
EN DEUIL DE Maurane
Non, elle n’est pas gaie la pagaille. Encore moins depuis lundi, quand l’annonce du décès de la chanteuse belge Maurane, partie sans crier gare à l’âge de 57 ans, a plongé dans le deuil ses admirateurs et ses nombreux amis artistes des deux côtés de l’Atlantique. De Starmania au concert célébrant ses vingtcinq ans de carrière aux Francofolies, en 2012, à Montréal, redécouvrons Maurane en quelques lignes. STARMANIA : RÉVÉLATION ET DÉPART HÂTIF
Après quelques succès mineurs au début des années 1980, dont la fringante Danser, Maurane (née Claudine Luypaerts en 1960) se fait un nom en campant Marie-Jeanne dans la seconde mouture de l’opéra rock Starmania, en 1988. Sa version de Les uns contre les autres marque les esprits, mais son passage au sein de la troupe sera de courte durée. Maurane part après quelques mois, en proie au surmenage. « Je pensais aux autres artistes, aux producteurs, que je mettais en danger sur les plans artistiques et financiers, mais j’allais trop mal », se justifie-t-elle. France Gall réagit très mal au départ de Maurane. En brouille, les deux chanteuses n’ont jamais fait la paix.
LA CONSÉCRATION
Son départ de Starmania ne constitue cependant pas un frein pour sa carrière. Au contraire, c’est la consécration grâce à un album éponyme, paru en 1989. Écoulé à plus de 150 000 exemplaires, Maurane contient son plus grand succès, Toutes les mamas. Son album suivant, Ami ou ennemi, avec la ballade Sur un prélude de Bach, fait encore mieux : 450 000 exemplaires. Pour chanter une chanson, confiaitelle au Journal il y a quelques années, elle doit avoir un véritable coup de coeur. « Ça doit être une réaction épidermique. »
PROCHE DU QUÉBEC
Elle venait au Québec depuis si longtemps qu’elle se disait « belgé-coise ». Le Québec l’avait adoptée, au point que c’est à Montréal, lors des Francofolies de 2012, qu’elle a célébré ses vingt-cinq ans de carrière sur scène. Un concert spécial qui réunissait plusieurs de ses amis artistes du Québec et de l’Europe, mais surtout une invitée toute spéciale, sa fille Lou, avec qui elle partageait la scène pour la toute première fois. « Elle est arrivée en tremblant sur scène, mais elle l’a fait. Les gens étaient debout. C’était extraordinaire », s’était-elle remémorée dans un entretien au Journal.
RETOUR GÂCHÉ
Aux prises avec des problèmes de santé qui affectaient ses cordes vocales, Maurane préparait son retour quand la mort l’a fauchée. Une chanson était attendue cet été, un album-hommage à Jacques Brel se profilait pour l’automne et une tournée était planifiée pour 2019. En entrevue au Parisien, son directeur artistique Marc Lumbroso a affirmé que l’album ne sera pas commercialisé puisque les versions définitives des chansons n’ont pas été enregistrées à temps. « Certes, c’est écoutable. Mais Maurane n’aurait pas voulu que ça sorte comme ça. »
CONCERT D’ÉLOGES
Des dizaines de proches, d’artistes et des personnalités ont tenu à rendre hommage à la défunte depuis lundi. Sa compatriote et amie Lara Fabian était inconsolable. « Une partie de ma vie vient de partir avec toi et je ne serai plus jamais la même. »
Au moment d’écrire ces lignes, la cause de son décès demeurait inconnue. La police belge a indiqué que rien de suspect n’entourait la découverte de son corps. À Europe 1, son amie Liane Foly, se basant sur des échanges récents avec la disparue, a affirmé que Maurane aurait pu se donner la mort.