Le Journal de Montreal - Weekend
JAMES FOLEY, UN RÉALISATEUR POURTANT COMPÉTENT
James Foley passera à l’histoire du cinéma pour avoir réalisé les navrants Cinquante nuances plus sombres et Cinquante nuances plus claires (en DVD et en VDS depuis mardi), en renonçant à donner une quelconque cohérence dramatique ou à conférer un semblant d’originalité visuelle à ces adaptations des deux derniers tomes de la trilogie de la romancière E.L. James. Pourtant, Foley a jadis été un metteur en scène doué, d’une efficacité parfois admirable, comme en témoignent ces quatre films. 4 COMME UN CHIEN ENRAGÉ (1985)
Trouvant que son fils et ses amis en savent trop sur ses activités, un criminel entreprend de les éliminer. – Inspiré d’un fait divers, ce récit d’une grande dureté illustre de façon plausible les réactions d’un adolescent face à un père criminel. Ce qui se traduit par un passionnant duel d’acteurs entre Sean Penn et Christopher Walken. Surtout connu à l’époque comme réalisateur des clips de Madonna, James Foley se laisse aller à des coquetteries stylistiques, qui ne nuisent heureusement pas à l’impact du sujet.
3 AFTER DARK, MY SWEET (1990)
Dans une région désertique de la Californie, un ancien boxeur organise un rapt d’enfant avec un ami d’une veuve alcoolique dont il s’est épris. – Dans cette adaptation magistrale d’un roman de Jim Thompson (Coup de torchon,
Les Arnaqueurs), les auteurs tissent le fil de l’intrigue comme une araignée sa toile, en exposant peu à peu ses ramifications psychologiques jusqu’à ce que la tension émotive devienne insoutenable. La réalisation de Foley est inventive et sa direction d’acteurs adroitement maîtrisée. Jason Patric est particulièrement étonnant dans le rôle principal.
3 GLENGARRY GLEN ROSS (1992)
Menacés de congédiement par leur supérieur, quatre agents immobiliers cherchent le moyen d’augmenter leurs ventes. – On ne pouvait souhaiter meilleure distribution pour cette adaptation de la pièce de David Mamet. Al Pacino, Jack Lemmon, Ed Harris et Alan Arkin rendent à merveille le désespoir, l’anxiété et la rage contenus dans le texte du dramaturge, en plus d’en souligner toute la musicalité. Les passages comiques bénéficient d’une mise en scène stylisée de Foley, alors que les moments dramatiques sont traités avec réalisme. D’où une oeuvre exceptionnelle, tour à tour viscérale et formaliste.
4 EN TOUTE CONFIANCE (2003)
Afin de rembourser un excentrique caïd, un truand tente d’escroquer un banquier lié au crime organisé. – Même si les conversations entre malfrats priment sur l’action, le rythme n’en est pas moins alerte. Ce sont du reste au cours de ces tête-à-tête mouvementés que les rebondissements du récit se révèlent avec fracas. Foley signe une réalisation étudiée où les couleurs riches et les éclairages sombres permettent au monde interlope des escrocs de se fondre parfaitement dans l’univers élégant de la haute finance. Face à un Dustin Hoffman amusant en gangster psychotique, Edward Burns tient son bout.