Le Journal de Montreal - Weekend

SURMONTER LES DÉFIS DE LA VIEILLESSE

Olivia, héroïne de la « trilogie du Bonheur » de Francine Ruel, s’apprête à fêter ses 70 ans, bien malgré elle. Elle aurait préféré ne pas célébrer, mais ses proches ont tout préparé. Les dernières années ont été bonnes pour elle... mais elle s’inquiète p

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Toujours espiègle, mais réaliste, Olivia rappelle qu’elle n’aime pas prendre de l’âge. Elle cite même Bernard Pivot, qui a dit un jour : « Vieillir, c’est chiant parce qu’on ne sait pas quand ça a commencé et l’on sait encore moins quand ça finira. » Mais vieillir est tout de même un privilège, et ce ne sont pas tous ses amis qui auront ce cadeau.

Olivia voit ses amis vieillir et dépérir : le cancer et la maladie d’Alzheimer frappent sans pitié. Francine Ruel est bien réaliste face aux années qui passent. « Ma génération, on est rendus là. On n’en peut plus : on se disait qu’il fallait qu’on se fasse des soupers et des réunions avant de se retrouver tout le monde au salon mortuaire. Notre génération est rendue là. Et qu’estce qu’on fait du reste de nos vies? Qu’estce qui nous attend? Est-ce qu’on veut être placés ? », questionne-t-elle en entrevue.

Elle trouve qu’elle ressemble beaucoup à Olivia, surtout dans le prologue. « On ne veut pas cet âge-là. Olivia s’imagine la liste des cadeaux qu’on pourrait lui faire et ce sont des cadeaux “adaptés”... »

PERSONNAGE ATTACHANT

Les lecteurs s’étaient beaucoup attachés à ce personnage et à chaque salon du livre où Francine Ruel s’est rendue, elle en entendait parler. « C’est comme s’ils n’étaient pas satisfaits de la fin de cette histoire. Pourtant, pour moi, elle était terminée. » Elle s’est lancée dans une suite en lui donnant un petit élan... et en la cadrant 15 années après la fin de

Bonheur, es-tu là ?

Il fallait qu’elle trouve ce qui s’était passé pour chaque personnage pendant toutes ces années, avant de les reprendre là où ils étaient rendus. « C’est comme si j’avais écrit un autre roman. » Elle a également inventé de nouveaux personnage­s – les petits-enfants – qui ont leur vie et leur personnali­té.

La génération des très jeunes rencontre celle d’Olivia. Et ils ne sont pas si différents les uns les autres. « On était la génération baba cool. Je n’ai pas embarqué là-dedans parce que j’étais au Conservato­ire et je travaillai­s sans arrêt. Cette génération a à peu près tout essayé, a fait les fous, a revendiqué des choses. L’autre génération est différente, s’accroche à autre chose. Mais on ne réinvente pas la roue : ça continue. »

LE CANCER

Dans le roman, Massimo, l’ami d’Olivia, perd son combat contre le cancer. C’est d’une grande tristesse et Francine Ruel confie avoir été témoin de la fin de vie d’un de ses proches amis. « Ce que je raconte est presque tout vrai. J’avais besoin de parler de cet homme-là, de Massimo, qui était un des personnage­s que les gens aimaient le plus. Ça fait deux ans que mon ami est mort, mais ça fait aussi mal qu’hier. C’est comme mon frère, vraiment. Je sais que les lecteurs adoraient ce personnage. »

Olivia est forte, résiliente, lumineuse, et passe au travers. « Elle doute... mais elle trouve qu’il y a moyen de bouger, de faire avancer les choses. Pour moi, c’est important : il faut qu’on résiste, qu’on arrive à dire qu’on va passer au travers. La vie n’est pas finie... tant qu’elle n’est pas finie. »

Et comme Olivia et Massimo sont deux fous de maison et de décoration, quelque chose de spécial survient dans le roman : un plateau de tournage s’installe dans la maison d’Olivia pendant quelques semaines.

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