Le Journal de Montreal - Weekend

UNE DOUBLE VIE PENDANT LA GUERRE

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Le journalist­e néerlandai­s Alexander Münninghof­f, correspond­ant pendant 30 ans en Russie, raconte dans L’héritier du nom l’histoire incroyable de son grand-père, qui a mené une double vie de collaborat­eur économique avec les Allemands et d’informateu­r des Alliés pendant la Seconde Guerre mondiale.

À Poznan, en 1944, Alexander Münninghof­f naît pendant le bombardeme­nt des Soviétique­s, quatre ans après que son père Hans se soit engagé dans les Waffen-SS pour récupérer la fortune familiale perdue en Lettonie.

Le jeune Alexander entrevoit pour la première fois les lourds secrets du passé familial dans son enfance alors qu’il découvre, en 1948, un casque noir et brillant, portant un emblème noir, blanc et rouge et deux petits éclairs blancs.

« J’ai vu la panique dans les yeux de tout le monde. C’était en 1948 », dit l’auteur de 73 ans, pour qui ce souvenir est toujours vif dans sa mémoire. PASSÉ INQUIÉTANT

Le journalist­e a travaillé pendant des décennies à fouiller les archives et interroger beaucoup de monde pour faire la lumière sur ce passé inquiétant.

Son livre est à la fois un roman d’espionnage, un récit de guerre et d’aprèsguerr­e, et un témoignage percutant qui raconte ce qui est arrivé aux « soldats perdus » du Troisième Reich.

« Les gens de ma génération ont vécu dans cette époque et il y a beaucoup d’éléments dans mon livre qui évoquent des émotions assez puissantes, du moins chez nous, en Hollande », explique-t-il.

« C’était la guerre mondiale et il s’agit surtout de la guerre dans l’Est. Mon père était devenu membre des SS. Pas pour ses conviction­s – il n’était pas nazi –, mais il voulait regagner tout ce qu’on avait perdu en Lettonie. » « Mon grand-père, qui était hollandais, s’était installé en Lettonie pendant la Première Guerre mondiale. Il a marié une comtesse russe et il est devenu un des hommes les plus riches de la Lettonie, jusqu’en 1939, quand il a quitté le pays à cause des conséquenc­es du traité entre les nazis et les bolcheviqu­es. »

« C’était le signal qu’ils devaient abandonner tout et s’enfuir, parce que les bolcheviqu­es allaient les tuer. Ils se sont enfuis en Hollande en août 1939. »

« Quatre mois plus tard, les Allemands ont envahi la Hollande. À partir de ce moment, mon grand-père, qui était un patriote néerlandai­s très vif, s’est mis à aider la Résistance néerlandai­se. Il est devenu espion pour les services secrets britanniqu­es », dit-il. L’héritier du nom a reçu le prix Libris aux Pays-Bas – le plus prestigieu­x prix en non-fiction. Le livre sera adapté en série télé.

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L’HÉRITIER DU NOM Alexander Münninghof­f Éditions Payot 360 pages

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