Le Journal de Montreal - Weekend

Un premier roman qui a du vrai

Cali

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Cali s’est beaucoup investi dans son premier roman, s’ouvrant avec grande générosité sur des moments difficiles.

« Qu’est-ce qui nous reste à six ans? Moi, ce qui me reste, c’est ce souvenir indélébile qui, au fond de moi, est tatoué pour toujours : c’est évidemment la mort de maman. Mais c’est surtout le moment où ils m’ont laissé dans la chambre, toute en noir, avec les volets entrouvert­s, et je regardais passer le cortège de toute ma famille et de tous ces amis qui accompagna­ient maman. Et moi, j’étais interdit de ça. C’est ce qui me reste. »

En écrivant le roman, il s’est aperçu que de petits souvenirs revenaient. « J’ai cousu des choses entre ces souvenirs. C’est pour ça qu’on l’a appelé roman : parce qu’il y a des choses vraies, d’autres inventées. Mais la tristesse et le chagrin de l’enfant pendant les huit mois qui suivent, c’est vrai. Et quelque part, on s’en fout de la vie de Cali : l’important, c’est le petit garçon. »

« UN BIEN FOU »

L’écriture s’est passée en douceur. « J’ai fait sept albums et j’ai souvent écrit des chansons sur l’enfance et sur le chagrin. Mais c’était des petits bouts. Là, ça m’a fait un bien fou parce que j’ai ouvert comme une boîte noire que j’avais au fond de mon ventre. Ça a fait un bien fou aussi à mes proches. Ma grande soeur Gina était bouleversé­e, elle m’a dit que j’allais faire du bien aux gens. »

Cali était le petit dernier, sa grande soeur s’est occupée de toute la famille. Ses grands-parents se sont occupés de lui. Et il a eu la chance d’avoir des amis qui sont toujours présents dans sa vie. « On compte encore plus sur les proches et les amis très chers. Mais j’ai toujours l’image de ma maman qui est très présente. Elle est toujours là. »

Le grand chagrin qu’il a vécu sert sa créativité. « On parle de résilience. J’ai perdu mon papa assez tôt aussi et quand je suis arrivé à l’âge où je devais choisir ce que j’allais vraiment faire dans la vie, je n’avais plus personne pour me guider. J’ai l’impression de parler à maman tous les jours et de vivre une fuite en avant. Pas une fuite dangereuse : une fuite merveilleu­se en avant. J’y vais à fond parce que je sais que tout est fragile. »

Cali ajoute que l’écriture et l’acte artistique sont quand même un besoin d’amour. « Moi, j’ai besoin d’amour. Je demande de l’amour à tout le monde. Que ce soit en concert ou dans la rue, je demande de l’amour à tout le monde. Et ça vient de là. »

COUR DE RÉCRÉATION

C’est toujours resté en lui. « Aujourd’hui encore, à mon âge, je suis toujours demandeur, beaucoup, à fond. Le métier de chanteur est magnifique pour ça : tous les soirs, on demande de l’amour. Une chanson, quelle qu’elle soit, ça veut dire aimez-moi. Protégez-moi, aimez-moi, cajolez-moi, faites-moi du bien ! »

La musique lui a fait découvrir le Québec. La première fois qu’il a atterri à l’aéroport Trudeau, il a eu une sensation bizarre, l’impression d’être dans une bulle hors du temps.

« J’ai rencontré des gens qui m’ont fait comprendre que j’étais dans une grande cour de récréation et que j’étais bien, là. J’ai beaucoup d’amis au Québec. »

Cali a lancé sept albums et enregistre­ra, pour son prochain, des chansons de Léo Ferré, à qui il avait envie de rendre hommage. Il est parrain de la 10e édition de Québecofol­ies et sera de passage au Québec du 16 au 20 avril.

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