Le Journal de Montreal - Weekend
UN FILM SUBVERSIF POUR MARY STEENBURGEN
Mary Steenburgen, qui fête cette année ses 40 ans de carrière au cinéma, est aux côtés de Jane Fonda, Candice Bergen et Diane Keaton dans Club de lecture, une comédie romantique qui parle de sexualité, d’âge mûr et d’amour.
« J’ai accepté avant même de lire le scénario, tout simplement parce que Diane Keaton, Jane Fonda et Candice Bergen avaient dit oui. Nous n’avions jamais joué ensemble avant, c’est fou !, nous dit-elle de Toronto, où elle a fait escale pour répondre aux questions des journalistes. C’est l’excitation de pouvoir travailler toutes les quatre qui a été un facteur déterminant. »
L’histoire commence lorsque Vivian (Jane Fonda) décide de proposer
50 nuances de Grey aux amies de son club de lecture. Le roman pousse Diane (Diane Keaton), Sharon (Candice Bergen) et Carol (Mary Steenburgen) à réévaluer leurs vies sentimentales.
SEXE, AMITIÉ ET VIEILLESSE
À 65 ans – l’âge de son interprète –, Carol est la seule femme mariée du groupe. Or, depuis quelque temps, son époux (Craig T. Nelson) ne veut plus faire l’amour, une situation qui l’inquiète et qu’elle veut comprendre pour y remédier.
« La sexualité des femmes plus âgées est l’élément du film dont on parle le plus, parce que c’est un sujet que personne n’aborde jamais. La société ne permet pas aux femmes, surtout lorsqu’elles ont nos âges, d’avoir des envies sexuelles sans les traiter de tous les noms ou les humilier », détaille l’actrice.
« Mais pour moi, le propos du film est plus large que ça. On dit à nos enfants qu’ils sont capables de tout, on leur explique qu’il faut qu’ils essayent plein de choses. Puis, tout à coup, il y a un âge auquel on cesse de dire cela, et il y a un âge où l’on ne se permet plus ces découvertes. C’est un peu comme si l’on tuait des parties de soi-même avant même de mourir. »
VIVRE PLEINEMENT
« Pour moi, ce film traite, d’une manière très subtile et sans jamais faire de vagues, de l’idée toute simple et pourtant radicale que, tant qu’on respire, il faut vivre aussi pleinement que possible. Et il faut que l’ensemble de la société non seulement en soit consciente, mais favorise cette manière de vivre. Le fait que quatre femmes – et, à 65 ans, je suis la plus jeune – puissent jouer quatre personnages principaux est, en lui même, subversif », s’exclame-t-elle de ce Club de lecture qui est à l’affiche depuis le 18 mai.
« Les plus grands bénéficiaires de ce film ne sont donc pas que les femmes, ni même les femmes âgées, mais les jeunes – hommes et femmes – qui peuvent se libérer de l’obligation de demeurer pertinents en prenant de l’âge. Il est tout à fait possible d’avoir des désirs – et pas que sensuels, même si c’est important –, des envies de faire des folies, d’avoir des amis, de se faire peur, d’avoir le coeur brisé, d’essayer de nouvelles choses, etc. Tout cela fait partie de l’attrait de Club de lecture. Je crois que c’est l’une des raisons pour lesquelles le public aime autant le film », explique Mary Steenburgen des projections en avant-première auxquelles elle a assisté. Et, en bonus, les quatre actrices sont rapidement devenues amies sur le plateau.
« Nous ne nous connaissions pas personnellement avant de jouer ensemble. Nous ne savions pas du tout à quoi nous attendre. En tournant notre première scène ensemble, celle dans laquelle nous habillons Jane Fonda, alors qu’elle se prépare à son rendez-vous avec Don Johnson, nous nous sommes aperçues que personne ne jouait à la diva, que nous étions toutes attentives les unes aux autres, que nous laissions libre cours à notre humour, à notre excitation et à notre découverte des autres. Le fait de devenir amies sur un plateau n’arrive pour ainsi dire jamais, et nous avons savouré chaque instant. »