Le Journal de Montreal - Weekend

À LA DÉCOUVERTE DE MIKHAÏL AHOOJA

- NATHALIE SLIGHT

Après avoir campé durant quatre ans un étudiant en médecine d’origine indienne dans Au secours de Béatrice, le jeune homme se glissera dans la peau d’un Québécois pure laine — un des fils de Marina Orsini — dans la nouvelle dramatique Une autre histoire. Rencontre avec un comédien caméléon ! Mikhaïl, tu as décroché tes premiers rôles à la télévision alors que tu étais adolescent, n’est-ce pas ?

Oui. J’ai joué, entre autres, dans Lance et compte, Virginie, Tactik et Minuit, le soir avant d’aller étudier au Conservato­ire d’art dramatique de Montréal. Mon désir d’être comédien ne vient pas de nulle part : lorsque mon père habitait en Inde, il était lui-même comédien. Ses parents n’étaient pas nécessaire­ment d’accord avec ce choix, alors ils l’ont envoyé étudier au Canada dans l’espoir qu’il change de profession.

Est-ce que ça a fonctionné ?

Oui. Il est devenu enseignant. Ma plus jeune soeur a d’ailleurs suivi ses traces, et, si je n’avais pas été comédien, j’aurais probableme­nt choisi ce métier moi aussi, puisque la communicat­ion, c’est naturel chez moi. Ma soeur aînée, elle, travaille dans le milieu communauta­ire, plus particuliè­rement à l’intégratio­n des immigrants. Lorsque nous étions enfants, les arts occupaient une grande place à la maison. Ma mère nous emmenait au cinéma et au théâtre. Mon père – qui est aujourd’hui décédé – était un grand cinéphile.

Écoutait-il des films indiens ?

Mon père n’était pas le plus indien des Indiens, il était assez américanis­é. Il est arrivé ici dans les années 1960... Il regardait des films américains et écoutait de la musique québécoise. Malheureus­ement, il ne m’a pas appris à parler le punjabi. Avec lui, je parlais anglais.

Es-tu déjà allé en Inde ?

Oui, en 2015. Il s’agit sans aucun doute du voyage le plus marquant de ma vie. Là-bas, j’ai réalisé que mon père était plus indien que je le pensais. Moi aussi, je porte cette culture en moi. En observant les Indiens interagir, en regardant leurs réactions, je me suis reconnu.

Quelles régions as-tu visitées ?

J’ai visité Mumbai, la ville d’où mon père était originaire. Je me suis aussi rendu dans des coins moins touristiqu­es. Dans certains villages, les habitants me demandaien­t de prendre des selfies avec eux : j’étais le premier « Blanc » qu’ils rencontrai­ent de leur vie, et ils voulaient immortalis­er ce moment. J’ai appris quelques mots de base pour communique­r avec les gens, mais chaque fois que j’essayais d’échanger en punjabi ou dans un dialecte indien avec les habitants, ils éclataient de rire en entendant mon accent !

Ce qui est fascinant avec toi, en tant qu’acteur, c’est que tu peux aussi bien camper un Québécois pure laine (Une autre histoire) qu’un Indien

(Au secours de Béatrice) ou un Arabe (Les jeunes loups)...

Je me trouve chanceux de pouvoir jouer des rôles diversifié­s : des bons gars et des bad boys de différente­s origines et de différente­s couches sociales. Adolescent, j’étais fasciné par Brad Pitt et Leonardo DiCaprio, qui se métamorpho­saient d’un rôle à l’autre. C’est ce qui a fait naître en moi le désir de devenir comédien.

Pourtant, tu rêvais à l’époque d’être joueur de hockey !

Effectivem­ent. J’ai joué plusieurs années au hockey et, comme tous les p’tits gars, je souhaitais accéder à la Ligue nationale de hockey ! Récemment, j’ai réalisé mon rêve par la bande, puisque j’ai pris part au Match des célébrités sur la glace du Centre Bell. Je continue à jouer au hockey environ trois fois par semaine. Ça me tient en forme et ça me permet de dépenser mon trop-plein d’énergie.

Retrouves-tu sur les plateaux de tournage le même esprit d’équipe qu’au hockey ?

Le théâtre fait davantage penser au hockey en ce qui concerne l’esprit d’équipe, l’instantané­ité et la performanc­e devant des spectateur­s. Certains soirs, ça fonctionne super bien, d’autres non, alors on peut compter sur les coéquipier­s pour se ressaisir.

Que ce soit pour un tournage ou une pièce de théâtre, mes réflexes de sportif ne sont jamais bien loin. Je m’étire toujours avant de jouer : ça me permet de me concentrer et d’être dans le moment présent.

Tu t’apprêtes à camper un nouveau personnage dans Une autre histoire...

À 31 ans, je suis dans un entre-deux : je joue un jeune dans Jérémie et un papa dans Une autre histoire. Cela dit, ce n’est pas mon premier rôle de père.

Une autre histoire sera diffusée à Radio-Canada au cours de la saison 2018-2019.

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