Le Journal de Montreal - Weekend
Trouver le bonheur malgré l’épreuve
L’écrivaine française Agnès Ledig, une des romancières les plus appréciées du grand public depuis Juste avant le bonheur, a souhaité mettre des notes de joie de vivre, d’humour, de beauté et de compassion sur une tragédie personnelle, la mort de son fils,
Plusieurs histoires s’entrecroisent dans ce roman bien tissé, riche en émotions, où la profondeur des relations humaines est au premier plan.
Anaëlle, une jeune femme en quête d’information pour l’écriture de son roman, engage un échange épistolaire avec un procureur de province, Hervé. Cet échange ajoute un peu de piquant dans la vie d’Hervé, qui s’ennuie à mourir.
En parallèle, un menuisier passionné de nature et de plein air, Thomas, s’inspire de la force des arbres, de la résilience de la nature et de sa connaissance de tout ce qui vit dans les sous-bois pour encourager son petit frère, hospitalisé pour une maladie grave.
Agnès Ledig tricote toutes ces histoires pour en faire un roman beau et réconfortant, d’une grande sincérité, même si la joie côtoie de grandes épreuves.
Elle a transposé la dure réalité de la perte d’un enfant en mots, pour en faire un matériau littéraire très lumineux. « J’ai réussi à le faire parce que j’ai fait un pas de côté et je n’ai pas fait une autobiographie », explique-t-elle en entrevue.
« J’ai raconté l’histoire d’un grand frère beaucoup plus âgé que le petit frère. J’ai très peu parlé des parents. J’ai introduit la nature pour faire le lien entre l’enfant et l’arbre, pour mettre un tout petit peu de poésie, de douceur et de beauté de la nature dans tout ça. »
Elle a mis du temps. « Depuis que j’ai commencé à écrire, il y a 8 ou 9 ans, je me suis toujours dit, il faudra un jour que j’écrive sur ça, parce que c’est ce qui m’a amenée à l’écriture. Et j’ai envie de raconter ce que c’est que le quotidien d’un enfant gravement malade, et celui de ses proches. Mais je ne savais pas comment. Je ne voulais pas raconter un drame pour faire pleurer dans les chaumières, point. » consciences sur la chance qu’on a d’être en vie, d’avoir ses enfants en bonne santé, sur la beauté de la nature, sur ce qu’on peut faire pour aider les autres. Autant les accompagnants du petit Simon que l’entourage un peu plus lointain. On ne sait pas ce qui se passe dans la vie des gens et il ne faut pas les juger les gens. »
Elle a trouvé le thème de la nature et celui du grand frère pour raconter son histoire. « Ce n’est pas autobiographique, mais j’ai quand même utilisé notre expérience à l’hôpital pour raconter la maladie. » Et les émotions qui allaient avec. LA NATURE
Agnès Ledig adore aller marcher dans la nature, se promener en forêt, en décrire les beautés. « Je voulais mettre de l’émerveillement en face du chagrin et montrer que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Cette vie, plus forte que tout. Il faut voir les enfants dans les couloirs de l’hôpital pour voir comment ils se battent. Nous, on n’a pas le choix, il faut qu’on se batte aussi. »
La nature ne se laisse pas mourir, ajoute-t-elle. « Comme les enfants à l’hôpital. Après tout ça, en tant qu’adulte, on n’a pas le droit non plus de se laisser mourir. Il faut garder cette force de vie pour avancer, pour continuer. C’est un message important. »