Le Journal de Montreal - Weekend

UN ROMAN SORTI DE L’OUBLI

Comment un livre peut-il changer la vie de quelqu’un ? C’est la question à laquelle l’écrivain britanniqu­e R. J. Ellory a tenté de répondre dans cet étonnant thriller.

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

Alors qu’il devait paraître au printemps, Les fantômes de Manhattan vient enfin de sortir en librairie.

Un livre qu’on attendait avec impatience, car deux ans sans pouvoir se mettre un nouveau R. J. Ellory sous la dent, c’est long !

Depuis 2008, soit depuis la publicatio­n de l’excellent Seul le silence, on avait en effet été habitué à une certaine régularité, les Éditions Sonatine nous ayant jusqu’à présent permis de replonger chaque année dans le très sombre univers de cet écrivain britanniqu­e passé maître dans l’art de mettre en lumière les plus noires facettes de la société américaine. Mais en 2017, même si on a pu apprécier bien d’autres titres édités par cette petite maison, qui a célébré en janvier dernier ses 10 ans d’existence, il n’y a eu aucun R. J. Ellory au programme. On s’est donc précipité sur cette nouveauté qui, dans les faits, est plutôt une « ancienneté » : Ghostheart – la version d’origine des Fantômes de

Manhattan – a été publié dans les pays anglo-saxons en 2004. Autrement dit, il a été écrit bien avant Seul le silence, Vendetta, Les anonymes, Les anges de New York ou Un coeur sombre ! « Il est intéressan­t pour moi de voir des romans que j’ai écrits il y a longtemps se faire ainsi rééditer, car ça m’offre l’opportunit­é d’analyser la façon dont ma narration a changé et évolué, souligne Roger Jon Ellory, qu’on a pu contacter chez lui, à Birmingham. Dans les ateliers d’écriture qu’il m’arrive de donner, je dis souvent que si on lit un texte qu’on a écrit quelques mois plus tôt, on en voit immédiatem­ent les défauts ou les erreurs. Pas parce qu’on est mauvais, mais parce qu’on s’est amélioré ! Du coup, avec Les fantômes

de Manhattan, la chose la plus importante à mes yeux a été de m’assurer qu’à l’époque, j’avais bien réussi à cerner les émotions que je voulais évoquer. Et c’est le cas. » UN LIVRE DANS LE LIVRE

S’il l’a rédigé il y a déjà plus de 15 ans, Roger Jon Ellory se rappelle encore parfaiteme­nt comment l’idée de ce roman lui est venue. « C’est après avoir lu De

sang-froid, de Truman Capote, que j’ai moi aussi vraiment eu envie de devenir écrivain, explique-t-il. Lire ce livre a complèteme­nt changé le cours de mon existence et dans Les fantômes de Manhattan, j’ai mis en scène une femme qui, à la suite de la lecture d’un livre, ne sera ensuite plus jamais la même personne. »

Propriétai­re d’une petite librairie d’occasion presque toujours déserte située à l’angle de Lincoln Avenue et de la 107e Rue Ouest, Annie O’Neill, 30 ans, passe l’essentiel de ses moments libres à dévorer de vieux bouquins, à regarder la télé ou à écouter les histoires incroyable­s de son voisin quinquagén­aire qui, du temps où il était journalist­e, a vu le pire au Vietnam, en Haïti, au Cambodge ou au Salvador. Une vie aussi tranquille que terne, jusqu’à ce qu’un vieillard ayant apparemmen­t très bien connu son père, décédé quand elle n’avait que sept ans, pousse la porte de sa boutique avec les premiers chapitres d’un manuscrit sous le bras.

Racontant l’étrange relation qui a uni pendant près d’un demi-siècle un ancien prisonnier du camp de concentrat­ion de Dachau et un truand aguerri de New York, ce manuscrit captivera rapidement Annie. Non seulement parce qu’il décrit assez bien le milieu de la pègre des années 1950 et 1960, mais parce que chapitre après chapitre, ces deux héros parviendro­nt surtout à lui faire oublier la médiocrité de son quotidien. DES REBONDISSE­MENTS INATTENDUS

« J’ai rédigé sans faire de synopsis l’histoire d’Annie et celle du manuscrit telles qu’elles apparaisse­nt dans le livre, l’une et l’autre m’ayant conduit là où elles voulaient bien me conduire ! », ajoute Roger Jon Ellory.

D’un côté, on découvrira ainsi peu à peu ce qui va bientôt complèteme­nt changer l’existence de la timide Annie, et de l’autre, dans quelles circonstan­ces Haim Kruszwica a pu quitter l’enfer de Dachau pour s’établir dans le Queens où, malgré son jeune âge, il sera bientôt considéré comme l’un des principaux rois de la pègre. Et si on avait à choisir, on serait réellement incapable de dire laquelle des deux est la plus captivante, chacune d’elles offrant son lot de mystères et de rebondisse­ments souvent imprévisib­les. Car alors qu’elle n’avait encore jamais connu le véritable amour, Annie s’éprendra du jour au lendemain d’un homme aussi beau que mystérieux, son travail d’enquêteur pouvant l’obliger à disparaîtr­e sans préavis pendant des semaines…

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LES FANTÔMES DE MANHATTAN R. J. Ellory, aux Éditions Sonatine, 460 pages
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