Le Journal de Montreal - Weekend
BIZ LES BEATLES, DENYS ARCAND ET CYRANO
Le rappeur Biz, de son vrai nom Sébastien Fréchette et fondateur de Loco Locass, est également auteur. Alors que La chute de Sparte, adapté de son roman éponyme ayant reçu le prix jeunesse des libraires du Québec, est en salle, il nous dévoile ses souven
Biz, quel est votre premier souvenir d’une salle de cinéma ? Il s’agissait du cinéma Cartier à Québec. Je suis né en 1972 et j’avais 3 ou 4 ans la première fois que je suis allé au cinéma. C’était avant les grandes bannières, c’était vraiment un cinéma de quartier, à un coin de rue de chez nous. Le premier film dont je me souviens et qui m’avait fait triper est Yellow Submarine des Beatles. Ce qui est drôle, c’est que j’ai compris après la valeur de ce film. À l’époque, je l’ai vraiment reçu comme un film pour enfants.
Et votre premier film marquant ?
Ça dépend des années. Quand j’avais 8 ou 10 ans, Le retour du Jedi et E.T. l’extraterrestre m’ont marqué. Sinon, mon vrai gros trip de cinéma a été Cyrano de
Bergerac quand j’avais 16 ans. Je suis sorti de la salle et je parlais en vers. Pour moi, ça reste un grand film et le plus grand rôle de Gérard Depardieu.
Un film qui vous a traumatisé ?
Mes parents étaient partis avec mon frère au chalet et j’étais seul à la maison. J’avais regardé Les griffes de la nuit à la télévision ! Je suis descendu jusqu’au sous-sol allumer toutes les lumières […] je me suis embarré dans ma chambre… et au matin, j’étais tellement content de me réveiller !
Votre premier kick au grand écran ?
Constanze Mozart [interprétée par Elizabeth Berridge, NDLR] dans Amadeus. C’était tout à fait mon genre. Rigolote, plantureuse… Elle comprenait qu’elle sortait avec un génie, mais elle l’embrassait dans tout ce qu’il était, y compris sa lubricité.
Votre film culte ?
C’est Le déclin de l’empire américain que je revois régulièrement. Suivi, de près quand même, par Jésus de Montréal.
La meilleure adaptation d’un livre au cinéma selon vous ?
Il y en a plusieurs. 99 francs, tirée d’un roman de Frédéric Beigbeder avec Jean Dujardin en publicitaire complètement blasé et « coké » qui décide de faire un attentat publicitaire. C’est une satire incroyable du monde de la publicité. […]
Shining : l’enfant lumière est un classique, mais le livre n’est pas très bon.
Le classique que vous n’avez toujours pas vu ?
Tellement ! 100 milliards ! Chauffeur de taxi, notamment.
Le film qui vous fait pleurer ?
La tirade de la fin dans Cyrano de Bergerac. Aux funérailles de mon grand-père – il avait un grand nez et était quelqu’un avec des principes, de très noble –, je suis allé lire la dernière tirade. Ce n’est pas vraiment une prière, mais c’est comme mon évangile.
Votre coup de coeur récent ?
Le problème d’infiltration de Robert Morin. C’est une classe de maître en soi, n’importe qui qui fait du cinéma devrait voir ce film ! Fond et forme se rencontrent dans un délire complet. Avec Cyrano de Bergerac, c’est l’un des rares films pour lequel je serais resté pour la représentation d’après. À mon avis, les prix du cinéma québécois devraient s’appeler des Morin. Pour moi, c’est notre plus grand cinéaste.