Le Journal de Montreal - Weekend
BEAUCOUP DE COEUR
Pas de panique, il n’ira pas loin à pied
Un film de Gus Van Sant Avec Joaquin Phoenix, Jonah Hill, Rooney Mara
Pas de panique, il n’ira pas loin à pied est tiré des mémoires de John Callahan (Joaquin Phoenix), un caricaturiste bien connu de Portland, en Oregon. Une structure scénaristique non linéaire qui désarçonne un peu le spectateur et l’empêche de ressentir toutes les émotions voulues, le cinéaste reconstitue l’existence de John.
À la suite d’un accident de voiture qui le rend quadriplégique (la scène avec le médecin qui lui apprend son état est violente), il rencontre Annu (une Rooney Mara sous employée) et décide de rejoindre les Alcooliques anonymes, où Donnie Green (Jonah Hill, toujours excellent dans un rôle dramatique) devient son parrain.
Dès les premières scènes, le jeu de Joaquin Phoenix happe, car il parvient rapidement à rendre John sympathique. Le spectateur se prend ensuite suffisamment d’affection pour l’homme afin de vouloir qu’il s’en sorte, sans pour autant que ni le réalisateur ni l’acteur ne martèlent le message de rédemption et d’espoir avec trop de lourdeur.
MANQUE DE COHÉRENCE
Outre les allers et retours constants dans le temps qui finissent par diluer la fluidité de cette oeuvre biographique, le trop petit rôle réservé à Rooney Mara dérange. L’actrice n’apparaît que sporadiquement, sans souci de cohérence, comme si une partie de sa performance avait été coupée au montage. C’est d’autant plus dommage qu’elle offre une sincérité et une fraîcheur bienvenues dans ce paysage plutôt sombre.
John Callahan étant caricaturiste et pratiquant l’humour très noir, ses dessins accompagnent son cheminement, sans pour autant faire de ce film une comédie. Tourné et joué avec doigté, retenue et délicatesse, Pas de panique, il
n’ira pas loin à pied est un long métrage subtil qui demeure longtemps en tête.