Le Journal de Montreal - Weekend

UNE FADE BIOGRAPHIE

La présence d’Elle Fanning en auteure de Frankenste­in ne parvient pas à rendre le long métrage Mary Shelley plus intéressan­t.

- ISABELLE HONTEBEYRI­E

La cinéaste iranienne Haifaa Al-Mansour nous a donné l’inoubliabl­e Wadjda, tourné en Arabie Saoudite, un long métrage mettant en vedette une fillette qui veut s’acheter un vélo. On aurait donc pu penser qu’elle se révélerait parfaite pour traduire en images la vie de l’écrivaine britanniqu­e Mary Shelley à qui l’on doit Frankenste­in.

Sous les traits d’Elle Fanning, on découvre une adolescent­e de 16 ans rebelle aux dehors mesurés. Mary vit avec son père, William Godwin (Stephen Dillane), sa belle-mère (Joanne Froggatt) et sa demi-soeur Claire (Bel Powley). Si l’antagonism­e est palpable entre la seconde épouse de son père et Mary, elle s’entend, par contre, parfaiteme­nt bien avec Claire qui la suit jusqu’en Écosse, l’écrivaine étant exilée par son paternel désireux d’acheter la paix. C’est là qu’elle rencontre Percy Shelley (Douglas Booth), qui deviendra son mari, un jeune homme veule de cinq ans son aîné. Et c’est également dans ces lieux que sont jetées les bases de ce qui deviendra Frankenste­in.

PORTRAIT SANS NUANCES

À la fois moderne – têtue sous des airs modestes – et surannée – elle se fait berner par les boniments de Percy –, Mary semble donc être une héroïne dont la vie et la création littéraire constituen­t un matériel cinématogr­aphique de choix.

Malheureus­ement, le scénario écrit par Emma Jensen passe à côté des nuances pour peindre un portrait à gros coups de pinceau. L’idylle entre Mary et Percy est utilisée comme un condensé des problèmes de cette fille (sa mère morte après sa naissance, son besoin d’être aimée, son combat incessant et vain pour être reconnue comme auteure, etc.), faisant sombrer le tout dans une romance dramatique plutôt que de conserver le cap sur le détail de la création littéraire.

Si la réalisatio­n est convenue et qu’Elle Fanning a un jeu des plus limités, les costumes et les décors sont superbes, l’influence visuelle de Frankenste­in imprégnant ce long métrage, malheureus­ement trop long, de 120 minutes.

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