Le Journal de Montreal - Weekend
AU-DELÀ DE LA PROPAGANDE
Woody Harrelson et James Marsden se donnent la réplique dans ce film de Rob Reiner, au titre emprunté à l’opération de relations publiques américaine visant à justifier la guerre d’Irak en 2003.
Ce Shock and Awe, littéralement « Choc et effroi », est le nom d’une tactique militaire visant à écraser l’ennemi rapidement. C’est également le nom informel donné à la campagne d’information effectuée par le gouvernement de George W. Bush pour justifier l’invasion de l’Irak et le renversement de Saddam Hussein en 2003.
Au coeur de cette campagne de relations publiques et des déclarations de Donald Rumsfeld, Dick Cheney et George W. Bush, des « faits » distillés aux médias de manière à faire basculer l’opinion internationale. Au milieu, les journalistes du consortium Knight Ridder, notamment Jonathan Landay (Woody Harrelson) et Warren Strobel (James Marsden), épaulés par leur éditeur John Walcott (Rob Reiner), qui ne croient pas à la version officielle. SOUS-INTRIGUES MALADROITES
Shock and Awe débute en 2002 et autant Landay que Strobel sont sceptiques. Ils commencent donc à creuser et à fouiller, à interroger des sources, le tout avec la bénédiction de leur patron.
Ce faisant, ils vont à l’encontre du discours officiel, relayé par de prestigieuses publications comme le Washington Post ou le New York Times (violemment critiquées dans ce long métrage, notamment par la voix de Milla Jovovich qui tient le rôle de l’épouse de Landay).
N’ayant ni l’inspiration ni le sens du souffle historique d’un Steven Spielberg (Le Post) ou d’un Alan J. Pakula (Les
hommes du président), le long métrage de Rob Reiner, au scénario écrit par Joey Hartstone (LBJ et la télésérie The
Good Fight, dérivée de Une femme exemplaire) ne parvient pas à remporter une adhésion totale du spectateur.
Quelques sous-intrigues maladroites (comme celle d’un soldat, l’histoire d’amour entre James Marsden et Jessica Biel) donnent l’impression de vouloir faire du long métrage de 90 minutes une oeuvre grand public, ce qu’il ne peut être en raison de son sujet.
Néanmoins, les passionnés d’histoire contemporaine seront heureux d’avoir un premier regard critique sur les mensonges de l’administration Bush… en attendant que d’autres cinéastes et scénaristes s’y intéressent.