Le Journal de Montreal - Weekend

SOEUR ANGÈLE NE SONGE PAS À LA RETRAITE

- MARIE-CLAUDE DOYLE

Chômer n’est pas un verbe qui fait partie du vocabulair­e de Soeur Angèle, qui célébrera ses 80 ans le 11 août. Elle est marraine du nouveau quatuor de fines herbes Garno, dont une partie des profits ira à la Fondation Soeur Angèle, et elle recevra cet automne un prix d’excellence décerné par un organisme européen et une nomination prestigieu­se, en plus de voir sa biographie rééditée.

Il est 10 h. La messe vient de prendre fin et Soeur Angèle est fraîche et dispose pour me rencontrer dans son havre de paix, l’Institut Notre-Dame-du-BonConseil de Montréal, où elle m’a donné rendez-vous. Celle que certains surnomment la « soeur volante » est toujours aussi énergique. Dire qu’elle deviendra octogénair­e le 11 août !

Vieillir, ça lui importe peu. « C’est comme avant. C’est comme si j’avais 60 ans. Je pense que tout est dans notre façon de penser, dans notre générosité. Si on a donné toute sa vie, on continue, mais il faut garder la sérénité, le bonheur dans notre coeur. Quand j’ai eu la maladie C – parce que je ne la nomme plus [elle a été opérée en janvier 2012 pour un cancer du côlon, NDLR] –, je me suis dit que c’était un signal, qu’il m’en restait moins à faire que j’en avais fait. Mais il ne faut pas ruminer cette pensée. Chaque jour qui passe, on s’approche de la mort pour une autre vie ; c’est pour ça qu’il ne faut pas s’en faire. Ce sont les gens qui me font réaliser que je vais avoir 80 ans, pas moi. Je me dis que ce n’est pas ce que j’ai fait qui est important, mais ce qui reste. C’est pour ça que j’ai créé la Fondation Soeur Angèle il y a trois ans. Je dis aux enfants : “Soeur Angèle va essayer de vous donner des ailes pour réaliser vos rêves”. Je continue ma petite vie. Je suis dans ma 62e année de vie religieuse. Je regarde les soeurs et je me dis qu’elles ne rajeunisse­nt pas... »

À ce propos, on entend souvent dire dans les médias que l’avenir des religieuse­s au Québec est menacé par le peu de relève. « On a vécu 100, 200, 300 ans de la même façon. Là, on est dans un tunnel de réflexion. Je me dis qu’il va y avoir une relève, mais différente. Il ne faut pas s’inquiéter : on se tourne vers un avenir différent. »

RETOUR EN ARRIÈRE

Pour répondre à la demande, sa biographie intitulée tout simplement Soeur

Angèle et parue en 2013 sera rééditée à la mi-septembre... avec quelques ajouts. Pour l’occasion, la célèbre religieuse doit faire un travail de moine et replonger dans ses souvenirs des 10 dernières années afin de les relater dans le livre.

« Ma vie est une simple vie quotidienn­e, comme celle que les gens vivent aussi. Ma mission n’était pas d’être missionnai­re en Afrique. Je suis missionnai­re pour de courtes durées. Que je fasse de la télévision ou n’importe quoi d’autre, je suis là pour les gens, pour essayer de leur faciliter la vie, qui est parfois difficile. Je n’aime pas reculer; je vis dans le présent et je regarde en avant. Le plus dur en ce moment, c’est d’aller chercher dans ma mémoire ce qui s’est passé dans la vie de Soeur Angèle il y a 10 ans. »

Et Dieu sait qu’elle en a fait des choses ! Et elle continue à en faire... Le 18 août, sur le terrain de l’Institut Notre-Dame-du-Bon-Conseil de Montréal, situé sur le boulevard Gouin Est, aura lieu Le jardin des trouvaille­s de la Fondation Soeur Angèle, une grande vente-bénéfice de divers produits, dont des conserves de la religieuse ainsi que des articles de cuisine et de décoration. Et il y aura sur place du blé d’Inde et des hot-dogs pour tous.

DEUX DISTINCTIO­NS

Le nom de Soeur Angèle brillera bientôt à l’étranger puisqu’en septembre, elle se rendra en France afin d’y recevoir un prix d’excellence décerné par un organisme européen, ainsi qu’une nomination prestigieu­se dont elle ne connaissai­t pas les détails au moment de notre rencontre. « Je suis surprise, parce que ces prix sont remis à une seule personne par pays.

La force des médias est incroyable : elle traverse toutes les frontières. Quand je vois qu’on me remet des prix, je me dis que je dois être à la veille de mourir ! (rires) En 10 ans, j’ai reçu l’Ordre du Canada (2013) et l’Ordre national du Québec (2016). Je me dis que tout ça va peut-être apporter une ouverture des autres pays au Québec.

Je pense aux jeunes et je leur dis qu’il ne faut jamais perdre l’espérance, car le jour où on s’y attend le moins, quelque chose arrive. Je n’ai jamais choisi d’être à la télé ; c’est arrivé comme ça. Et si je fais de la télé, c’est pour motiver les gens. Par exemple, je suis présente tous les dimanches à l’émission La victoire de

l’amour à TVA. Ma grande disponibil­ité fait partie de mon charisme. Je me dis que j’ai peut-être un petit message à passer.

MARRAINE POUR LES ÉPICES GARNO

Reconnue pour son amour de la cuisine, Soeur Angèle s’est associée avec grand plaisir avec Garno, une entreprise québécoise qui vend des épices et des fines herbes. Elle est marraine d’un nouvel ensemble de quatre fines herbes nommé La Jardinière. Pour chaque produit vendu, 1 $ sera remis à la Fondation Soeur Angèle, qui vient en aide aux enfants défavorisé­s.

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Soeur Angèle célébrera ses 80 ans le 11 août FONDATION SOEUR ANGÈLE

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