Le Journal de Montreal - Weekend
AVONS-NOUS ENCORE BESOIN DE WINNIE L’OURSON ?
Un film de Marc Forster. Avec Ewan McGregor, Hayley Atwell, Bronte Carmichael Avec Ewan McGregor dans le rôle de Jean-Christophe, le réalisateur Marc Forster redonne vie à Winnie l’ourson dans ce long métrage alliant animation et prises de vues réelles. Nous sommes dans l’Angleterre post-Seconde guerre mondiale et Jean-Christophe est le directeur de l’efficacité chez Winslow, une compagnie spécialisée en bagages. Lorsque son patron (Mark Gatiss) lui demande de réduire les coûts de production afin d’éviter des licenciements massifs, Jean-Christophe est terriblement stressé et voit alors apparaître son vieil ami d’enfance Winnie l’ourson qui l’entraîne de nouveau dans la Forêt des Rêves bleus. On y trouve une morale de bon aloi sur la nécessité de retrouver son âme d’enfant et de se concentrer sur les choses importantes de la vie, lire la famille et les enfants.
Les premières minutes consacrées au passage de Jean-Christophe de l’enfance à l’âge adulte séduisent, tant on y retrouve l’enfant dépeint dans le très sensible Goodbye Christopher
Robin sorti en octobre dernier (le film se concentre sur la vie de l’auteur de
Winnie l’ourson). Mais ce « Jean-Christophe » n’a rien à voir avec celui de la réalité. Ici, il s’agit d’une libre adaptation de celui des romans, ce qui désarçonne.
Si l’on décide d’adhérer à la proposition de Marc Forster – qu’Ewan McGregor fait tout pour rendre crédible, exception faite de son rajeunissement informatique, désormais la marque de commerce de bon nombre des Marvel –, on ne peut s’empêcher, au fil de ces 104 minutes, de se demander à qui s’adresse le long métrage.
Est-il pour les enfants, qui n’y trouveront pas le doux côté rêveur des dessins animés ? Est-il pour les adultes nostalgiques de leur enfance, qui y trouveront un message maintes fois ressassé et parfois empli de regrets ? Les deux publics risquent fort d’être déçus, ce « Jean-Christophe » laissant une impression de ne pas être parvenu, malgré toute la bonne volonté du monde, à émouvoir durablement.