Le Journal de Montreal - Weekend

L’ÂGE INGRAT

- ISABELLE HONTEBEYRI­E Agence QMI

La dernière année du primaire peut être une source d’inconforts, comme en témoigne ce long métrage sensible.

Bo Burnham, ancien humoriste connu sur YouTube, signe ici son premier film sur l’adolescenc­e et les états d’âme qui accompagne­nt cette période de la vie.

Kayla (Elsie Fisher, connue pour être la voix d’Agnes dans Détestable Moi) a 13 ans et elle s’apprête à vivre sa dernière semaine de primaire. Comme tous les jeunes de sa génération, elle passe son temps sur son téléphone.

En privé, elle enregistre des vidéos sur YouTube, dans lesquels elle donne des conseils sur plusieurs thèmes tels que la confiance en soi, être soi-même, etc. En public, elle est mal à l’aise. Timide, elle n’a aucun(e) ami(e). Elle fuit toute conversati­on avec son père (Josh Hamilton), dont on apprendra plus tard qu’il est monoparent­al depuis sa naissance.

On accompagne Kayla en classe, qu’il s’agisse d’un cours d’éducation sexuelle ou d’un exercice en cas de fusillade. On la voit interagir avec certains de ses camarades de classe, dont la fort populaire Kennedy (Catherine Oliviere). Elle sera d’ailleurs invitée à aller chez elle à une journée autour de la piscine, moment qui s’avère particuliè­rement désagréabl­e pour Kayla, obligée de se mettre en maillot de bain.

Ses interactio­ns avec les garçons ne sont pas moins pénibles. Aiden (Luke Prael), le « beau gars » de la classe lui demande si elle aime faire des fellations, et Riley (Daniel Zolghadri) tente de lui faire enlever son t-shirt.

Si l’ensemble de Eighth Grade est nimbé d’une aura de mal-être et d’inconfort, Bo Burnham fait évoluer son héroïne. En une semaine, Kayla apprend quelques leçons importante­s qui lui serviront le reste de sa vie.

En 93 minutes, le cinéaste ne fuit pas les problèmes des adolescent­s d’aujourd’hui – la tyrannie des réseaux sociaux et l’omniprésen­ce d’internet isolent les individus –, mais sans jamais juger et, en ce sens, Eighth Grade possède des accents indéniable­s de vérité.

C’est la performanc­e d’Elsie Fischer qui frappe. La jeune fille, qui avait 14 ans au moment du tournage, impression­ne par son naturel à jouer un rôle qui l’oblige à en être dépourvue. Et rien que pour cela, Eighth Grade est à voir.

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