Le Journal de Montreal - Weekend
BIENVENUE DANS LE GLAUQUE
Un film d’Erick Zonca. Avec Vincent Cassel, Romain Duris, Sandrine Kiberlain
La disparition d’un adolescent. Une mère éplorée. Un flic alcoolique. Un suspect vraiment louche. C’est la nouvelle offre d’Érick Zonca (Julia) avec Vincent Cassel, Roman Duris et Sandrine Kiberlain, tous en pleine forme.
Lorsque Dany, un adolescent français, disparaît, sa mère Solange (Sandrine Kiberlain), qui s’occupe aussi de sa fille trisomique, fait appel à la police, qui lui envoie François Visconti (Vincent Cassel). À son arrivée, le commandant, qui a un net penchant vers le whisky, et ce, dès le matin, donne l’impression d’avoir dormi dans ses vêtements. Visconti ne semble pas prendre la chose au sérieux. Il penche pour une fugue, pose des questions et donne des ordres mécaniquement, et soupçonne même Dany de vendre de la drogue. CASSEL ET DURIS
Puis il y a Yann Bellaile (Romain Duris), le voisin et prof de français qui donne des cours particuliers à l’adolescent dans sa cave. Bien que marié et nouvellement parent, Yann est un homme trouble, fuyant.
La confrontation entre Vincent Cassel et Romain Duris, jeu du chat et de la souris qui se transforme bien vite en guerre presque ouverte, est fascinante. Vincent Cassel, choisi pour remplacer Gérard Depardieu, malade, se donne à fond dans ce rôle ingrat. Embauché alors qu’il se préparait pour Gauguin, sorti le mois dernier, il en a conservé la fièvre, la folie, la déconnexion avec le monde extérieur. De son côté, Romain Duris brille par sa performance, dont le côté un peu appuyé fonctionne parfaitement avec le déséquilibre de ce personnage qu’on soupçonne constamment.
En choisissant d’adapter le roman de Dror Mishani, Une disparition inquiétante, le réalisateur Érick Zonca et sa collaboratrice Lou de Fanget Signolet s’en sont aussi détachés, faisant de Visconti un flic psychologiquement instable, ce qui donne une épaisseur supplémentaire à ce suspense rythmé et glauque à souhait de 114 minutes.
Et on souligne également le jeu de Sandrine Kiberlain, impeccable en mère et en femme meurtrie par la vie, et dont les révélations finales assomment le spectateur.