Le Journal de Montreal - Weekend
RATER SA CIBLE…
Une enquête qui réunit Melissa McCarthy et les Muppets dans un film résolument pour adultes ? L’idée est brillante, mais l’exécution l’est beaucoup moins.
Le cinéaste Brian Henson – fils de Jim Henson, créateur des Muppets – a eu l’idée de transposer les célèbres marionnettes dans un environnement de sexe, de drogues, de passions et de meurtres.
Phil Philips (le marionnettiste Bill Barretta) est un ancien flic devenu détective privé. Dans cet univers où humains et marionnettes cohabitent, même si ces dernières sont considérées comme inférieures, Sandra (Dorien Davies), une prostituée de luxe, vient lui demander son aide après avoir reçu une lettre anonyme.
L’enquête de Philips le mène dans un « sex-shop » – oui, les blagues grivoises abondent, certaines étant réussies –, où un tueur masqué oblitère tout le monde. Arrive alors Connie Edwards (Melissa McCarthy), son ancienne coéquipière, policière de son état. Car les meurtres ne ralentissent pas, au contraire.
RIEN DE CONCRET
En 2012, Ted, avec Mark Wahlberg, Mila Kunis et… souvenons-nous, un ours en peluche plutôt irrévérencieux, a ouvert la voie aux détournements de contenus habituellement réservés aux enfants ou aux plus jeunes. Après les Party de saucisses (2016) et autres
Deadpool (2016 et 2018), les Muppets étaient donc un choix logique pour poursuivre dans cette veine. Au cours des 91 minutes de ce Carnage chez les joyeux touffus, on sent la volonté du scénariste Todd Berger d’aller loin (les connaisseurs remarqueront au passage plusieurs blagues sur les Muppets originaux), de choquer (la scène de l’éjaculation d’une marionnette) ou de faire rire (Melissa McCarthy devenant accro au sucre, équivalent de la cocaïne pour les marionnettes). Or, l’enchaînement de gags ne débouche jamais sur quoi que ce soit de concret. Alors que dans Ted et Party de saucisses, le spectateur développait rapidement un intérêt, tant pour l’intrigue (en se demandant jusqu’où le délire serait poussé) que pour les personnages (en se posant la question à savoir comment leurs problèmes seraient résolus),
Carnage chez les joyeux touffus laisse de glace malgré ses – trop ? – nombreux efforts pour faire rire. Les scènes s’enchaînent les unes après les autres sans souci de fluidité.
Brian Henson nous avait expliqué, lors d’une entrevue, que le long métrage était né d’un spectacle d’improvisation. Et c’est la raison pour laquelle le film ne parvient pas à dépasser la mise bout à bout de sketchs, pour offrir un divertissement satisfaisant. Dommage !