Le Journal de Montreal - Weekend
REVENIR À QUÉBEC APRÈS LA GUERRE
Cet automne, l’historien et romancier Jean-Pierre Charland propose, avec Vies rapiécées, le premier tome de la nouvelle série Le clan Picard, une suite très attendue de la grande saga entamée avec Les Portes de Québec, Les Folles Années et Les Années de plomb. Rendez-vous à Québec en 1946, quelques mois après la fin de la Deuxième Guerre mondiale.
Thalie descend d’un paquebot qui la ramène d’Angleterre avec sa fille Aglaé, née hors mariage. Sa mère Marie est prête à accueillir la veuve et l’orpheline, mais Thalie compte plutôt rester ouverte aux possibilités offertes par cette nouvelle vie.
Blessé pendant le raid de Dieppe, Thomas doit composer avec des douleurs qui ne le lâchent pas et le choc traumatique des jours passés sur les champs de bataille.
Son état de santé le force à compter sur le soutien de ses proches. Son père Édouard est prêt à l’aider, mais Thomas n’est pas certain de devoir accepter.
Pour se rétablir, il consulte une psychologue formée aux États-Unis, Béatrice Dupire, qui l’a éconduit autrefois. En écoutant les propos de Thomas, Béatrice plonge au coeur de ses propres secrets de famille.
Cette nouvelle série suit donc la quatrième génération des Picard, que les lecteurs suivent depuis longtemps.
« Le premier tome se déroule en 1946, le deuxième en 1955 et le troisième en 1964. Ça permet de partir avec la génération de Thalie et d’arriver jusqu’à la génération d’Aglaé. »
LES TROIS GRÂCES
Il a fait un petit clin d’oeil aux Trois Grâces de la mythologie romaine avec Euphrosyne, rencontrée tout au début de cette grande saga, Thalie et Aglaé.
« Les prénoms ont été choisis en toute conscience. Chacune des Grâces est porteuse de certaines valeurs : Euphrosyne,
c’est la fortune, Thalie, c’est la passion, et Aglaé, c’est l’amour, dans le sens de bienveillance. »
Vies rapiécées raconte le retour d’Europe de Thalie, et de Thomas, le fils d’Édouard.
Jean-Pierre Charland raconte toutes les circonstances de la réinstallation à Québec de Thalie et le retour de Thomas, qui fut prisonnier en Allemagne depuis le débarquement de Dieppe.
Il est rapatrié en janvier 1946. C’est vraiment la reconstruction d’une vie « normale », pour ces deux personnages qui reviennent d’Europe.
Le retour n’était pas si simple. « Le contexte international, c’est le retour à la paix, à la prospérité, mais avec un climat très mauvais, en termes de sécurité internationale. Ça exerce une influence sur les choix qui se font ici : c’est l’époque où il se vendait des bungalows avec des abris antiatomiques dans le sous-sol ! »
THALIE, MÉDECIN
Thalie doit se retrouver une place de médecin à Québec alors que Thomas revient profondément perturbé par un emprisonnement dans un camp allemand.
« Ce n’était pas une partie de plaisir et quand il revient en 1946, il est psychologiquement complètement détruit et dépendant à la morphine puisqu’il a été blessé. Il doit faire le travail difficile de se réinsérer dans une vie normale. »
Après avoir envoyé une lettre d’adieu, qu’il présumait lettre posthume, à son père, Thomas doit aussi renouer avec lui alors que leur relation est très mauvaise.
« J’appelle le livre Vies rapiécées et je pense que c’est un bon titre : les personnages essaient de faire du neuf avec les morceaux épars de leur vie, quand ils reviennent d’Europe. C’est comme une renaissance et tout doit se refonder. »
Les personnages imaginés par le romancier font écho à quantité d’histoires vécues par les familles québécoises, lorsque les hommes revenaient de la guerre. « Pour les soldats, c’était des expériences traumatisantes. » En librairie le 29 août. Jean-Pierre Charland est un professeur d’université à la retraite. Le deuxième tome sortira en novembre et le troisième, au printemps. Entre-temps, il a écrit le troisième tome de la série Dolan et travaille présentement sur une suite à la série Sur les berges du Richelieu.