Le Journal de Montreal - Weekend
LE RETOUR D’ELIZABETH COSTELLO
Aussi bref soit-il, ce livre nous a longtemps hantés, le romancier sud-africain J. M. Coetzee ayant toujours réussi à nous bouleverser.
Il n’est pas nécessaire d’avoir dévoré les précédents romans de J. M. Coetzee pour apprécier ce très court livre, qui se compose de sept nouvelles écrites entre 2003 et 2017. Mais si on en a lu quelques-uns, notamment Elizabeth
Costello (paru en français en 2006), on sera probablement heureux d’y retrouver ce singulier personnage d’écrivaine à diverses époques de sa vie. Dans le deuxième texte, par exemple, on la croisera alors qu’elle est encore mariée et qu’à l’occasion, juste avant d’aller chercher les enfants à l’école, elle jouera les épouses infidèles avec un certain Robert. Mais dès le troisième texte, on sera convié en douce à célébrer son 65e anniversaire... qui se révélera du reste assez désastreux, ses enfants et ses petits-enfants ayant été choqués de la voir avec des cheveux fraîchement teints en blond et une tartine de maquillage dans l’espoir de pouvoir attirer une dernière fois le regard des hommes.
À L’HIVER DE LA VIE
Inquiets de la savoir toute seule à Melbourne, Australie, sa fille Helen et son fils John, qui habitent respectivement en France et aux États-Unis, tenteront ensuite de la convaincre de venir vivre avec eux. Mais peu importe ce qu’ils diront, Elizabeth saura toujours leur tenir tête et dans le cinquième texte, on apprendra même que pour leur épargner le spectacle de sa déchéance, elle préférera s’exiler dans un village perdu du plateau castillan où, au grand dam de ses voisins, elle se mettra à nourrir tous les chats errants du coin.
Un livre marquant qui nous invite entre autres à porter un regard plus lucide sur la vieillesse et ses innombrables aléas.