Le Journal de Montreal - Weekend
LA NOUVELLE HISTOIRE D’AMOUR DE MARILOUP WOLFE
SAINT-CONSTANT | Pour son deuxième long métrage à titre de réalisatrice, Mariloup Wolfe a choisi de mettre en images une histoire d’amour dramatique et déchirante, mais lumineuse, celle de Jouliks, une pièce de MarieChristine Lê-Huu présentée il y a près de 15 ans déjà.
Mardi, dans la dernière ligne droite du tournage, lors d’un bref arrêt au musée Exporail de Saint-Constant, en Montérégie, afin d’y tourner une scène dans une gare, la cinéaste s’est dite prête à porter à jamais ce long métrage qui raconte la relation amoureuse dévorante vécue par les regrettés Zac et Vera, à laquelle Yanna, leur fille de sept ans, a assisté.
« J’ai beaucoup réalisé de la télé dans les dernières années et j’avais le désir de revenir au cinéma, mais après mon premier film, Les pieds
dans le vide, j’avais réalisé à quel point un film, ça reste toute ta vie. T’en fais peu, alors il faut que tu l’assumes pour toujours », a-telle précisé.
Mariloup Wolfe a véritablement embrassé ce récit qui l’a « ébranlée ». « C’est une grande histoire d’amour racontée par les yeux d’une enfant, de son point de vue de 7 ans, avec la poésie et la candeur de cet âge-là, mais avec un regard porté sur un monde d’adultes. »
La réalisatrice a confié avoir pleuré chaque fois qu’elle a lu l’oeuvre. « J’avais lu Jouliks il y a quatre ans et j’avais vraiment aimé ce scénario par son originalité, sa sensibilité, ses images, parce que c’est un univers très cinématographique. » LONGUES ATTENTES
La sortie de Jouliks, attendue en 2019, marquera le premier effort de Mariloup Wolfe en 10 ans au cinéma. Elle concrétisera également le fruit des efforts de la scénariste Marie-Christine Lê-Huu, qui souhaitait depuis plusieurs années porter sa création à l’écran.
« J’ai appris à écrire pour le cinéma en faisant ce projet. Cette pièce avait une dizaine de scènes. Au cinéma, ça tient plus sur 130-140 scènes, a-t-elle expliqué. C’est un autre rythme, une autre façon de raconter complètement. Au théâtre, je travaillais beaucoup avec l’évocation et je suis arrivée dans un territoire où il faut montrer. »
Sans être calqué sur sa vie, son récit a été inspiré par ses racines. « J’ai un père d’origine vietnamienne et une mère québécoise. Cet espace de fracture identitaire, je le connais ; cette distance entre deux parents qui ont des valeurs différentes dans l’éducation, je sais ce que c’est. Quelque part,
Jouliks, c’est ça. » Bien qu’on parle ici d’un drame, l’oeuvre est beaucoup plus que ça. « C’est une forme de tragédie, mais c’est aussi un film sur l’amour et la liberté, à travers les yeux de cette petite fille. Elle a une lucidité sur ce qu’est la vie des adultes, sur la vie en général et ce qu’elle veut pour ellemême », a résumé l’auteure.
Le film sera porté par la jeune Lilou Roy-Lanouette. Ses parents prendront vie grâce à Victor Andrés Trelles Turgeon et Jeanne Roux-Côté.