Le Journal de Montreal - Weekend
S’EXPOSER N’EST PAS SANS RISQUES
La devise de Judith Rashleigh, femme fatale de la trilogie à succès Maestra de la Britannique Lisa Hilton, est aussi simple que glaçante dans le troisième tome, Ultima : Si tu ne peux pas les battre, tue-les. Coincée entre la mafia russe et un inspecteur italien corrompu, la marchande d’art et sexe addict arrivera-t-elle à se tirer d’affaire ?
Le troisième tome de Maestra, une série traduite dans plus de 40 pays, en cours d’adaptation pour le cinéma, ne laisse pas les lecteurs sur leur faim. Elizabeth, alias Judith, la marchande d’art doublée d’une femme fatale accro au sexe extrême, a l’oeil pour reconnaître les faux.
Elle sait très bien de quoi elle parle, puisqu’elle mène elle-même une double vie : elle s’est créé une identité de toutes pièces et son vrai nom est enterré sous les mensonges. Au même titre que les corps des hommes qui ont cru pouvoir la détruire reposent maintenant six pieds sous terre.
Judith devra faire preuve de sang-froid : elle doit contrefaire elle-même un célèbre tableau et le vendre pour 150 M$ à une société de ventes aux enchères, la même où elle avait débuté sa carrière. Pour elle, l’idée de duper son ancien patron – et tout le monde de l’art – est très excitante. Mais s’exposer ne sera pas sans risques.
Lisa Hilton a fait un travail formidable avec cette série qui traite à la fois d’oeuvres d’art, de magouilles internationales et de sexe. Une série où l’héroïne n’a pas froid aux yeux, et fait tout ce qui lui plaît. Peu importe s’il y en a qui ne s’en tirent pas vivants !
Les droits d’adaptation ont été achetés par la Paramount pour les deux premiers livres et les producteurs en feront une série de six ou huit épisodes. « Ça me plaît, comme vous le savez, en ce moment, le travail le plus intéressant se passe sur le petit écran. On peut oser beaucoup plus. Par contre, sur le grand écran, ils sont plus conservateurs », commente Lisa Hilton, en entrevue de son domicile de Venise.
LA FIN DU VOYAGE
Judith, son héroïne, est en danger dans Ultima. « Avec ce troisième, il me semblait que le voyage de Judith est terminé, et même le voyage incroyable que j’effectue avec ces livres. Je peux dire que je suis bien contente. J’espère que les lecteurs trouveront que la série a fini dans sa façon logique et crédible et que le troisième tome a ajouté quelque chose à l’histoire de Judith, entre autres avec sa relation avec sa mère. »
« Dans le premier livre, on était dans la découverte d’un faux tableau et maintenant, c’est elle-même qui doit produire un faux. J’ai flippé un peu l’histoire et j’espère que les lecteurs qui s’intéressent au point de vue technique de l’art auront des trucs à découvrir, comme les moyens de fabriquer
des faux. »
LE MARCHÉ DES FAUX
Le marché des faux est-il très présent ? « L’International Art Recovery Service dit que la moitié des tableaux dans les grands musées sont des faux. Et seulement en Italie, ce marché vaut 500M d’euros au noir, par année. Comme le marché de l’art n’est pas encore régi, dans le monde, c’est assez facile pour les gens d’utiliser ces moyens pour laver l’argent du crime organisé. »
Lisa Hilton dit que c’est « incroyablement facile » de faire un faux. « Il y a eu l’histoire du faux Leonardo l’année dernière à Paris. Il y a toujours un échange de foi entre le criminel qui vend un faux et le collectionneur qui a envie de croire... C’est intéressant, psychologiquement, cette espèce de trahison. » √ Lisa Hilton est diplômée d’Oxford. Elle a ensuite étudié l’histoire de l’art à Paris et à Florence. √ Elle a été journaliste, critique d’art et présentatrice avant de se lancer dans l’écriture de la série Maestra. √ La série Maestra est traduite dans 40 pays et en cours d’adaptation pour le cinéma. √ Elle vit maintenant à Venise. √ Elle a commencé une nouvelle série et travaille sur un projet de cinéma.