Le Journal de Montreal - Weekend

RÉCIT FAMILIAL AUX ACCENTS DE GUERRE

Johanna, un destin ébranlé par le nazisme

- MARIE-FRANCE BORNAIS Le Journal de Québec

Après avoir fait revivre plus de 350 ans d’histoire du Québec avec sa saga à succès Feu, la romancière Francine Ouellette rend hommage à sa mère Johanna, une Allemande ayant fui son pays pour faire du Québec sa terre d’accueil dans son nouveau récit, Johanna, un destin ébranlé par le nazisme.

Francine Ouellette raconte l’enfance idyllique de sa mère en Bavière, puis son départ d’Allemagne à destinatio­n du Canada pour fuir la guerre qui devenait imminente.

Avec douceur, elle replonge en même temps dans ses propres souvenirs, racontant l’intégratio­n de sa mère Johanna, tout en souhaitant réhabilite­r la mémoire de tous les Allemands entachés par la folie meurtrière d’Hitler.

« J’ai grandi avec ça. Quasiment tous les jours, elle parlait de son village, de ses oies, de cette vie dans un petit village bucolique (sauf pour la mine de charbon). À 16 ans, j’avais écrit cette vie. J’avais écrit tous les faits qu’elle me contait », évoque Francine Ouellette, en entrevue.

Johanna est décédée en 1995. « Elle est arrivée au Canada en 1933. Elle avait 19 ans. Elle voyageait seule. C’est assez particulie­r. »

Pendant la Première Guerre mondiale, son grand-père a été recueilli par des paysans russes et il est revenu dans son village alors que tout le monde le pensait mort. « Quand Johanna me racontait ça, je voyais tellement d’images... mon grandpère tout dépenaillé qui revient avec son icône. Et Johanna, la petite fille blonde à qui il a demandé qui était son papa... et elle lui avait répondu qu’il était mort à la guerre. Chaque fois, j’étais tout émue. »

LA MONTÉE DU NAZISME

« Mon grand-père était pacifiste. La frontière pour traverser en France était pratiqueme­nt dans le village. Mon oncle Otto a étudié à l’école française et parlait très bien le français. C’était un intellectu­el. Quand Hitler a été nommé chancelier, Otto et mon grand-père étaient contre lui », poursuit-elle.

Son oncle Otto cachait des réfugiés dans la cave de son grand-père et les faisait passer en France. « À un moment donné, Otto a été battu et laissé pour mort. Il s’est réfugié en France. Mon grand-père savait que s’ils restaient en France, ils allaient tous être exécutés. » Pour ne pas éveiller les soupçons, les membres de la famille sont tous partis séparément. « Mon oncle Otto était déjà en France. Agnès était rendue à Montréal et ma mère est allée la rejoindre. Mon grandpère, ma grand-mère et les deux derniers enfants sont partis ensemble. Le destin de ma mère a été ébranlé : ils pensaient tous vivre paisibleme­nt en Allemagne. Toute la famille est partie. » Dans le récit, Francine parle aussi d’elle-même, de ses souvenirs d’enfance, de l’intégratio­n de toute sa famille au Canada. « Mon père vient de Mont-Laurier. Il est tombé amoureux de Johanna. Et c’était réciproque. » √ En librairie le 5 septembre. √ Francine Ouellette est reconnue comme l’une des plus grandes auteures de romans historique­s au Québec. √ Elle a remporté, entre autres, le prix littéraire France-Québec en 1986 et le prix Ludger-Duvernay en 2013. √ Sa saga Feu s’est vendue à près de 45 000 exemplaire­s. AD{JDM2183217}

JOHANNA, UN DESTIN ÉBRANLÉ PAR LE NAZISME Francine Ouellette Éditions Libre-Expression 208 pages

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