Le Journal de Montreal - Weekend

SIMPLEMENT BON

Dès les premières pages, on a aimé l’ambiance et le style de ce livre qui nous amènent directemen­t sur l’Île de Beauté, dans le village natal d’un homme que tout le monde méprise.

- KARINE VILDER Collaborat­ion spéciale

Antoine Orsini a presque toujours vécu dans un petit village corse isolé de tout. Rigolant avec les autres quand on se moque de lui, passant l’essentiel de son temps à errer sur les routes de montagne, à chaparder des figues ou à jouer avec les gamins du coin – même à 30 ans passés ! –, il est ce qu’on appelle là-bas un « baoul », autrement dit un simple d’esprit. Ce qui ne l’empêchera pas d’être le narrateur de ce court roman dès l’instant où il commencera à prendre pour confidente une vieille chaise de bar en plastique ramassée au milieu d’un tas d’ordures.

UNE AFFAIRE MAL CLASSÉE

Revenant sur son passé de façon parfois décousue, Antoine obéissant à sa propre logique, on apprendra qu’une quinzaine d’années plus tôt, la très jolie Florence Biancarell­i a été retrouvée assassinée dans une forêt de pins des environs. Elle n’avait que 16 ans et cette histoire, qui a fortement ébranlé tous les habitants de la région, continue à alimenter rumeurs, haines et rancoeurs. Car devinez qui l’a jadis découverte dans les bois avec les globes oculaires enfoncés ? Eh oui, nul autre qu’Antoine. Et avant de nous révéler ce qui s’est probableme­nt passé, Antoine nous parlera de son fruste père, des Parisiens qu’il a longtemps détestés, de son séjour en prison ou de son ami l’Extraterre­stre, un type tellement épris de Florence qu’il était incapable de s’adresser à elle sans avoir l’air d’un con.

Un récit touchant qui vaut le détour, car aussi bête soit-il, Antoine n’a pas son pareil pour décrire avec lucidité le monde qui l’entoure… et nous river à notre siège.

SIMPLE Julie Estève Aux Éditions Stock, 208 pages

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