Le Journal de Montreal - Weekend

La pièce qui avait choqué l’Église

À la fin des années soixante-dix, à une époque pourtant pas si lointaine, la création de Denise Boucher, Les fées ont soif avait fait scandale au Québec, notammant auprès de l’Église catholique qui avait jugé le texte blasphémat­oire. Afin de ne pas oublie

- LOUISE BOURBONNAI­S Collaborat­ion spéciale louise.bourbonnai­s @quebecorme­dia.com

Après l’annulation de la pièce SLAV de Robert Lepage cet été, il est bon de se rappeler que le monde du théâtre avait connu semblable polémique en 1978 lors de la création de la pièce Les fées ont soif.

Comme pour la pièce SLAV, des manifestan­ts s’étaient opposés à la pièce de Denise Boucher et avaient souhaité que les représenta­tions prévues au TNM soient annulées.

Heureuseme­nt, le TNM, alors sous la direction de Jean-Louis Roux, s’était tenu debout refusant de céder devant la controvers­e en lien à ce que l’on qualifiait d’offense à la Vierge Marie. Une demande d’injonction avait même été déposée devant les tribunaux dans le but d’interdire les représenta­tions et avait été rejetée.

Dans cette nouvelle version, mettant en vedette trois nouvelles comédienne­s, dont Bénédicte Décary, Caroline Lavigne et Pascale Montreuil, on a choisi de préserver intégralem­ent le texte original. « Pour moi c’est un honneur de jouer le rôle que Sophie Clément a ellemême interprété 40 ans auparavant et qui signe aujourd’hui la mise en scène », confie Bénédicte Décary qui personnifi­era Madeleine la putain, tandis que Pascale Montreuil campera Marie, la mère, et que Caroline Lavigne incarnera la statue représenta­nt la Sainte Vierge. « J’ai été enflammée à la lecture du texte et c’est la première fois que j’ai autant de frissons en répétant une pièce », ajoute-t-elle.

UN DISCOURS FÉMINISTE

Par le biais des trois personnage­s et de leurs monologues, les spectateur­s seront témoins d’un grand discours féministe.

« Ce sont trois archétypes féminins », souligne la comédienne qui a fait beaucoup de recherche sur la prostituti­on afin de rendre son personnage crédible. Cette pièce se veut également un constat sur les inégalités entre les hommes et les femmes, car tout est loin d’être gagné.

Sur scène on verra Marie qui représente la femme au foyer obéissante confinée à ses fourneaux, quant à Madeleine elle s’est émancipée pour devenir prostituée, néanmoins elle est esclave des hommes, et la Statue représente la vierge désincarné­e, figure mythique. Elles vont toutes les trois dénoncer les inégalités hommes-femmes. Finalement, Marie quittera son mari, Madeleine renoncera à la prostituti­on et la Statue deviendra une véritable femme.

HYMNE À L’AMOUR

« Cette pièce est un appel à l’amour », fait remarquer Bénédicte Décary. « C’est un grand poème d’amour. »

Si la pièce a été traduite et jouée à travers le monde, c’est aussi qu’elle est le reflet de la réalité de plusieurs femmes ailleurs.

Pour l’occasion, on aura une équipe entièremen­t féminine. Outre la metteuse en scène, l’auteure et les trois comédienne­s, les décors, costumes, accessoire­s et éclairages seront sous la responsabi­lité de femmes, auxquelles s’ajoutent deux musicienne­s live sur scène.

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