Le Journal de Montreal - Weekend
UN ÉLECTROCHOC FÉMINISTE
Nation destruction ∂∂∂∂∂ Un film de Sam Levinson Avec Odessa Young, Hari Nef, Suki Waterhouse
Odessa Young, Suki Waterhouse, Hari Nef et Abra sont les protagonistes de Nation destruction, un long métrage qui décape.
Le nouveau-né de Sam Levinson est un mélange. À la fois comédie, satire et gore, il ne peut être catalogué tant il touche à des genres et des sujets différents. Les sujets? D’abord et avant tout la sexualité féminine. Viennent ensuite, dans le désordre, les médias sociaux, la violence, la misogynie, l’aveuglement de la masse, la paranoïa, l’absence de vie privée, le mensonge, etc.
Racontée par Lily (Odessa Young) à postériorité, l’histoire se déroule dans une banlieue américaine typique appelée Salem. Avec ses trois amies, Sarah (Suki Waterhouse), Bex (Hari Nef) et Em (Abra), Lily mène la vie de n’importe quelle ado en dernière année de secondaire, partys, sexe et drogue.
Tout part de la publication de l’ensemble des vidéos, messages textes et photos du maire (Cullen Moss) de Salem. Le scandale qui s’ensuit, et son suicide en direct, créent une onde de choc dans la communauté, suivie d’un tsunami lorsqu’il arrive la même chose au directeur (Colman Domingo) de l’école secondaire.
Au-delà du gore parfaitement justifié en raison du sujet traité, Sam Levinson jette un pavé dans la mare de la masculinité toxique. Son long métrage est une ode à la liberté sexuelle totale des femmes et surtout une virulente critique du modèle patriarcal dominant.
Qu’on ne s’y trompe pas : sous l’humour noir, le propos est sérieux. Qu’il s’agisse du manque d’empathie de la société actuelle, de la tyrannie des réseaux sociaux, des discours illogiques servis aujourd’hui aux femmes, du jugement des autres, du recours à la violence ou encore de la perte de repères des jeunes élevés par les réseaux sociaux, Sam Levinson dresse, sans offrir de solution, ni même d’espoir, un portrait féroce de cette « génération trash ».