Le Journal de Montreal - Weekend
TENSION AUTOUR DES VOLCANS D’ISLANDE
Des paysages volcaniques d’une beauté rare, un road trip pour des retrouvailles père-fille, un corps retrouvé dans une source chaude, une enquête menée à bras-lecorps par un enquêteur plein de contradictions : le nouveau roman de l’écrivain français Ian Manook, Heimaey, se passe en Islande. Il est renversant et donne une formidable envie d’y aller !
Ian Manook a lui-même fait le voyage à travers les paysages minéraux de ce pays nordique. « C’est exactement le
road trip que j’ai fait en 1973 », dit-il, en entrevue.
« Dans la promotion qu’on va mettre sur Facebook, j’ai des photos de moi, à l’époque ! J’ai refait le voyage il y a deux ans, avec ma femme et mes trois petits-enfants, mais après avoir écrit le livre. » Il aime écrire sur ses souvenirs de voyage... mais n’aime pas les corriger avec ce qu’est devenu le pays. « En Islande, je n’ai pas été déçu : presque rien n’a changé. » PAYSAGES SUPERBES
L’émotion la plus forte pour lui en Islande, ce sont les paysages. « Ça reste encore brutal, naturel. Je le dis quelque part dans le livre : on ne sait plus très bien si on est au matin du monde ou à une fin du monde. Il y a quelque chose de profondément organique, profondément minéral. »
Pour la trame dramatique du roman, une image très forte s’était imposée : celle de quelqu’un qui était tombé dans la solfatare, une fumerolle d’origine volcanique. « J’ai imaginé qu’il entraîne toute une série de drames... mais je suis parti d’une image. » KORNÉLIUS Les deux personnages qui lui ont permis d’entrer dans cette histoire qu’on ne peut pas lâcher, c’est Beckie, la fille de Soulniz, et le policier appelé Kornélius, un homme au physique de troll qui chante dans une chorale et croit aux elfes.
« Le souvenir qu’a Soulniz du voyage d’il y a quarante ans, c’est exactement le souvenir que moi, j’en ai. Soulniz, c’est pas moi, mais ses souvenirs sont les miens. Certaines anecdotes aussi. »
Kornélius est irrésistible. « Il a beaucoup de traits de caractère qui ressemblent au caractère islandais. Tout ce que je raconte sur les salles de force, où ils apprennent à être les hommes les plus forts du monde, ça, c’est vrai. Et 65 % des Islandais sont convaincus que le peuple invisible existe. Donc j’ai donné à Kornélius une croyance dans ces légendes-là. »
Croire aux fées, aux elfes ? « En Islande, il y a des routes qui contournent un rocher, sans aucune nécessité, parce que des gens ont référencé ce rocher comme habité par les elfes. Même les gens qui n’y croient pas vraiment mettent dans leur maison ou dans leur pré des petites maisons pour les elfes, avec des petites attentions pour elles. »
Kornélius est phénoménal. « C’est un homme fort, il a ses croyances dans la tradition, et en même temps, il est aussi comme les Islandais, profondément attaché à la beauté sauvage de son pays. Ce sont des gens qui habitent sur une île qui explose en permanence et qui n’ont pas peur de la violence de cette terre. Ils l’aiment tellement passionnément qu’ils restent encore là. C’est l’histoire du volcan Heimaey, où je suis allé en 1973. »
Ian Manook a écrit de nombreux romans, dont une trilogie qui se passe en Mongolie, pour laquelle il a reçu de nombreux prix.
Il prépare une nouvelle trilogie, sous pseudonyme, qui se passera aux États-Unis.