Le Journal de Montreal - Weekend
De membre des Dead Obies à rappeur solo
Après avoir frappé l’imaginaire collectif avec le rôle de Damien dans Fugueuse, l’acteur et rappeur originaire de Granby revient au hip-hop avec un premier album solo depuis son départ du groupe Dead Obies. Jean-François, qu’est-ce qui est venu en premier : le hip-hop ou le théâtre ? À partir de 10 ans, mon rêve était vraiment d’être acteur. Je suivais des cours, je faisais de l’improvisation... J’étais vraiment dans ça. Adolescent, étais-tu solitaire ou un gars de groupe impliqué dans tout ? C’est étrange, mais j’étais vraiment dans les deux extrêmes. J’animais des spectacles, je faisais du théâtre, des films amateurs avec un de mes amis... On faisait aussi des performances. Le midi, on faisait semblant d’avoir une chicane, de se battre, et on se filmait en même temps. On était complètement fous ! Tout était une performance, tout était du jeu. D’un autre côté, quand ce n’était pas pour déconner, je pouvais être super renfermé. Je gardais mes émotions pour moi. J’avais plein d’amis, mais je pouvais aussi être très solitaire. Et aujourd’hui ? Je pense que je ne suis pas facile d’approche. Je ne suis pas très bon pour entrer dans une zone d’intimité. Mais je suis une personne très sincère, honnête, intense et passionnée. Te souviens-tu du premier rap que tu as écrit ? Oui. J’ai un ami qui a ça sur un enregistreur MP3. On a dû faire ça en quatrième secondaire. Il n’y avait pas vraiment de thème. C’était plutôt une question de rythme et de rimes. J’écoutais beaucoup les Beastie Boys, The Pharcyde, A Tribe Called Quest... Tu as mis fin il y a quelque temps à ta collaboration avec Dead Obies. Qu’est-ce que tu as appris sur toi durant ces années à faire partie du collectif ? Tout de l’esthétique du « fais-le par toi-même ». À nos débuts, on avait une petite carte de son à 200 $. On est passés de ça à jouer au Centre Bell avec Robert Charlebois et l’Orchestre symphonique, à remplir le Métropolis et à chanter devant 30 000 personnes au spectacle de la Saint-Jean. Ce sont vraiment des expériences surréelles et, tout ça, c’est dû à l’imagination, au travail et à la créativité. Maintenant que je suis sorti de cette aventure-là, je me rends compte à quel point c’était magique. Je pense qu’on a touché une génération. Tu dis que ton disque t’a permis d’aborder des thèmes plus intimes, de te montrer plus vulnérable. Y a-t-il une chanson dans laquelle ça se manifeste davantage ? La chanson Vie, par exemple. J’y parle de mes croyances, de comment j’ai grandi. Je dis : « Il suffit d’une étincelle pour mettre le feu à la plaine. J’ai une allumette dans ma main, on ne se reverra pas demain... » Dans plusieurs chansons, j’ai écrit des lignes qui évoquent ma façon d’aborder la vie. Jean-François, dont le nom de rappeur est Yes Mccan, a lancé son premier album solo, OUI (Tout, tout,
tout, toutttte), le 14 septembre.