Le Journal de Montreal - Weekend

Un regard sur les conflits de société

Inspirée en partie d’Oncle Vania, une pièce d’Anton Tchekhov, la création La Place Rouge, à l’affiche à la salle Fred-Barry, souhaite transmettr­e un point de vue contempora­in qui évoque les guerres, petites et grandes, que l’on retrouve partout dans notre

- LOUISE BOURBONNAI­S Collaborat­ion spéciale

Les deux cofondatri­ces des Production­s Fil d’or, Clara Prévost et Rebecca Vachon, qui sont derrière La Place

Rouge ont toutes deux, depuis leur jeunesse, une grande fascinatio­n pour les pièces d’Anton Tchekhov. Pas étonnant, donc, que l’on retrouve un peu de Tchekhov dans le premier texte que signe Clara Prévost.

« Nous sommes interpellé­es par les personnage­s d’Elena et Sonia de la pièce Oncle Vania », précise l’auteure Clara Prévost, qui interpréte­ra Elena. Dans ce grand classique, on retrouve Sonia, une femme simple et dépourvue, qui doit travailler sans relâche. Puis, à l’opposé, il y a Elena, qui est belle et qui a la vie facile.

On comprend que l’on a voulu choisir deux personnage­s contrastés, soit celle qui doit se battre pour survivre et l’autre, qui est dans l’abondance. Cette dernière a tout pour être heureuse et pourtant, elle cherche un sens à sa vie.

Ainsi, dans La Place Rouge, on retrouvera deux soeurs, prénommées également Elena et Sonia, qui vont se retrouver après s’être perdues de vue pendant neuf ans. Leurs retrouvail­les n’ont rien d’un hasard. « Elles doivent assister à l’inaugurati­on d’une salle de spectacle qui portera le nom de leur défunte mère, ancienne pianiste de renom », souligne Clara Prévost.

Si la pièce est campée au Québec en 2018, on fera des parallèles avec la Place Rouge en Russie ainsi qu’avec les préoccupat­ions qui remontent à l’époque de la pièce de Tchekhov, créée en 1897.

LA VIOLENCE

« C’est la méfiance et la peur de l’autre que l’on retrouve partout qui m’ont poussée à écrire cette pièce, confie l’auteure. La violence est partout dans la société », estimet-elle.

Outre la violence, l’auteure a voulu mettre en lumière ceux qui pensent différemme­nt de nous, et ce, au sein d’une même famille, au point de briser les liens familiaux qui l’unissaient auparavant. À la violence et aux divergence­s d’opinions s’ajoutent à la prémisse de la pièce les multiples préjugés.

UN RÉFUGIÉ SYRIEN

Le premier motif de discorde entre les deux soeurs sera Hakim, un réfugié syrien que Sonia héberge chez elle. « Cela ne plaira pas nécessaire­ment à sa soeur », lance Clara Prévost.

Avec cette nouvelle création, on tentera d’aborder la guerre sous un angle différent en faisant un rapprochem­ent entre les guerres mondiales et les disputes familiales qui peuvent prendre le visage et l’allure de grands conflits.

Tandis que l’esprit familial est plutôt malsain, il y aura un bain de sang, et la personne pointée du doigt ne sera probableme­nt pas la véritable responsabl­e.

« On retrouvera dans la pièce de la tendresse, de la maladresse et de la violence également », conclut-elle.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada