Le Journal de Montreal - Weekend
LA PASSION RENOUVELÉE D’ARIANE MOFFATT
L’inspiration peut arriver à tout moment… même dans les moins bons. Parlez-en à Ariane Moffatt. C’est dans la tourmente qu’est né Petites mains précieuses, son sixième album. L’écriture aura alors été une « bouée » pour la chanteuse durant l’hospitalisati
« Mon bébé n’était pas si prématuré que ça; il n’a pas été entre la vie et la mort. Mais ça m’a shakée en tabarouette », souffle Ariane Moffatt.
Bébé va mieux. Maman aussi. Rencontrée dans son studio d’enregistrement, en plein coeur du Mile-End, la chanteuse dit s’être rapidement, et complètement, remise. Quand à bébé Georges, il ne garde aucune séquelle : le bambin est aujourd’hui en pleine santé. La frousse n’est donc officiellement qu’un souvenir lointain. Mais à l’époque, elle a été bien réelle.
Alors qu’elle était enceinte de 34 semaines, les médecins ont détecté chez Ariane Moffatt une pré-éclampsie grave, soit une hausse de pression soudaine et inquiétante survenant en fin de grossesse. La seule solution : provoquer l’accouchement.
La convalescence aura été de courte durée pour la chanteuse, mais son fils a alors dû être hospitalisé quelques semaines en raison de « petites complications pulmonaires ». Et à chacune de ses visites à l’hôpital, la chanteuse griffonnait dans un calepin les idées qui lui venaient à l’esprit.
UN RETOUR AUX SOURCES
Le plan de départ n’était pas forcément de donner le premier coup de manivelle à son sixième album. En fait, elle prévoyait profiter de son congé de maternité pour reprendre le micro. Mais Ariane Moffatt s’est laissé emporter par l’inspiration qui, en fin de compte, lui aura été salvatrice dans ce moment de vulnérabilité, en plus de teinter ces nouvelles chansons d’une sincérité à fleur de peau.
« Ça a donné une certaine ivresse, une espèce de sens à cette arrivée-là. Quelque part, ça a été une forme de guérison et de renaissance par rapport à ce que j’ai vécu, qui a été assez traumatisant pour moi », confie Ariane Moffatt.
« J’ai en quelque sorte l’impression de faire un retour à Aquanaute, mon premier album. Peut-être pas dans le son, mais dans la vulnérabilité, dans l’état de me sentir sans défense. La naissance de Georges m’a ramenée dans cet état-là et m’a permis d’écrire sans filtre », ajoute-t-elle.
POP, FOLK ET DISCO
Mais même si Petites mains précieuses a été créé durant cette période plus difficile, il n’en est pas pour autant glauque ni sinistre. Ça, Ariane Moffatt le souligne rapidement en entrevue. En plus des rythmes électros qu’on lui connaît, elle est allée puiser dans les années 1970 et 1990 pour y emprunter des sonorités pop, funk, soul et même quelques airs disco.
« J’ai écrit Du souffle pour deux, la chanson qui ouvre l’album, en pensant beaucoup au soul Al Green et Bill Withers. J’avais envie d’aller chercher quelque chose de chaleureux, d’organique, de sensuel », explique-t-elle.
« Dans d’autres chansons, il y a des beats qui sont inspirés de ceux de Michael Jackson. J’aime la pop et je l’ai découverte dans les années 1990. C’était une ère de pop franche avec Michael Jackson, Madonna, Paula Abdul... », ajoute-t-elle.
LES DOUTES S’ÉVANOUISSENT
En plus d’agir comme soupape pour traverser une période difficile, Petites
mains précieuses aura permis à Ariane Moffatt de se réitérer à elle-même sa passion continue pour le métier. Car des doutes, la chanteuse en a eu. Régulièrement, même.
« Je n’ai jamais douté du fait que j’aime la musique. Mais ce que ça coûte de redémarrer un processus de création avec tous les doutes, les incertitudes et l’abandon… C’est beaucoup d’énergie déployée. Chaque fois, je me pose des questions à savoir si j’ai envie de repasser par là et revivre toute cette vulnérabilité », confie-t-elle.
« Mais l’ivresse des premières trouvailles, c’est tellement grisant. Ça m’a donné toute l’énergie nécessaire pour repartir la machine », ajoute-t-elle.
L’album Petites mains précieuses sera sur le marché à compter de vendredi. Ariane Moffatt sera en spectacle au MTELUS de Montréal le 22 février et à l’Impérial de Québec le 22 mars. Pour toutes les dates : arianemoffatt.com