Le Journal de Montreal - Weekend

PETITES MAINS PRÉCIEUSES… UNE CHANSON À LA FOIS

Ariane Moffatt a révélé au Journal l’histoire derrière chacune de ses chansons.

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SOUFFLE POUR DEUX

C’est la première à être apparue, celle qui m’a donné le ton de la soul 70’s de plusieurs des chansons de l’album. Je voulais que ce soit

groovy, mais intime et chaleureux. Au moment de l’écrire, j’allais beaucoup au chalet, en campagne, et c’est là que j’ai eu l’idée du visuel de l’album. Je voulais aller vers la rencontre des éléments qui scintillen­t et de la nature.

LES APPARENCES

Le message, au premier degré, peut être perçu comme de la résignatio­n. Que ça ne sert à rien, qu’on ne change pas, alors restons assis sur notre derrière. Mais c’est plutôt une ode à notre essence, à qui on est profondéme­nt. C’est un encouragem­ent à arrêter de faire le caméléon, à arrêter de se déguiser en toutes sortes de choses.

LA STATUE

C’est une chanson que j’ai écrite le jour où Salomé Corbo et Pénélope McQuade ont fait leur sortie par rapport à Gilbert Rozon. C’est un peu comme quand j’ai écrit Poussière d’ange pour une amie, une façon d’exprimer tout le courage que je trouve qu’elles ont, mettre mon épaule à la roue dans ce processus-là. Ce n’est pas une histoire personnell­e, je n’ai pas connu d’abus sexuel ou quoi que ce soit. Au fond, cette chanson-là c’est l’image de la statue grecque en plâtre qui représente cet homme de pouvoir, qu’on lance au mur et qui se fracasse. C’est l’image de la libération.

POUR TOI

C’est une des chansons les plus accrocheus­es de l’album. On est dans une ère où la femme ne s’excuse plus. Cette chanson-là, c’est une petite pierre dans cette espèce de constructi­on qu’on vit socialemen­t. C’est un hymne pour élever la femme à sa juste valeur, pour lui donner la place qui lui revient à travers plusieurs symboles.

PNEUMATIQU­E NOIR

J’ai vu le documentai­re sur Pauline Julien et l’aphasie primaire progressiv­e, la perte des mots et de la mémoire. Quelqu’un de très près de moi vit ça en ce moment. C’est vraiment une chanson qui a commencé à être inspirée en allant vers les Cantons-de-l’Est. Sur le fleuve, il y avait une brume et j’y ai imaginé une scène de film, comme s’il y avait un petit pneumatiqu­e qui était là dans le fleuve. À la fin du week-end, je me suis dit que c’était ça, l’image que je cherchais : quelqu’un qui dérive, qui part et qui perd ses mots, qui décide de se laisser dans le fleuve jusqu’à l’océan. Je crois que c’est la chanson la plus poignante de l’album.

N’ATTENDS PAS MON SOURIRE

Après Pneumatiqu­e noir, on s’enfonce encore un peu dans une scène de déprime, d’impression de ne plus vouloir que personne n’attende quelque chose de nous. J’imaginais un lendemain de fête où on se retrouve dans une pièce où on ne sait plus si on est le jour ou la nuit, ou encore même dans quelle saison on est. On se retrouve dans une zone noire, seul avec soi-même.

CYBORG

Ça parle d’un sujet grave, de notre côté greffé sur nos téléphones dans une réalité parallèle, de cette fuite à travers nos écrans. Je ne voulais pas que ce soit démagogiqu­e ou moralisate­ur. C’est l’énumératio­n de tout ce qu’on voit, du plus banal au plus grave, dans nos voyages cybernétiq­ues. Le cyborg, c’est cette espèce de croisé entre l’humain et la technologi­e. C’est ma chanson un peu plus sociale, mais avec un sourire en coin. Je voulais qu’elle reste un peu plus légère avec son côté 70’s, chanson française à la Véronique Sanson.

O.N.O.

O.N.O., c’est pour One night only. C’est un début de collaborat­ion avec Cri, un artiste électro qui m’avait contactée pour qu’on jamme. Le matin où on se rencontrai­t, j’avais préparé une mélodie au piano pour qu’on ait quelque chose, un point et départ, et le petit beat du début est resté. Encore une fois, je voulais aller dans la sensualité, dans le fantasme des interdits. C’est la chanson la plus électro, la plus banger de l’album qui va être le fun en show. J’ai très hâte de la faire vivre sur scène.

VIADUC

Viaduc a été une autre des premières chansons que j’ai écrites pour l’album. Au début, je n’étais pas certaine, je me demandais si c’était trop éclaté, mais finalement, c’est une de mes préférées. Elle parle de la désillusio­n dans le couple, dans l’avenir, cette impression de tourner en rond qu’on a parfois. En fait, c’est un découragem­ent assumé, mais en poésie. Ça parle beaucoup des attentes qu’on peut avoir et qui nous déçoivent parfois.

LA MAIN

C’est la chanson-hymne de l’album, qui englobe la thématique de l’autre et de Petites mains précieuses. C’est à travers la main que passent tous les gestes, le contact humain. Ça représente beaucoup le rapport à l’autre. Je voulais la mettre en épilogue, à la fin, pour qu’elle vienne mettre en mots toute la thématique du disque. Quand j’étais en studio, j’imaginais l’époque des années 1960, dans les bookstores, où des textes étaient récités avec une musique hypnotique et funky. Ça finit bien l’album.

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