Le Journal de Montreal - Weekend

LE PETIT BONHEUR DE PASCALE PICARD

Quatre ans et demi et un enfant plus tard, Pascale Picard revient dans des teintes de gris. Pour son quatrième album, l’artiste de Québec plonge dans la mélancolie comme jamais elle n’avait osé le faire auparavant. Et ça la comble de joie.

- CÉDRIC BÉLANGER Le Journal de Québec cedric.belanger @quebecorme­dia.com

Dehors, le ciel est menaçant et le temps automnal frappe manifestem­ent à nos portes. Mais dans le café de Limoilou où elle nous a donné rendez-vous, Pascale Picard semble tout sauf déprimée. Même si The Beauty We’ve Found, qu’elle offre au monde cette fin de semaine, contient plus que sa part de chansons tristes, elle ne cesse de sourire en parlant de son nouveau bébé musical. « Je capote », s’emporte-t-elle, à un moment donné, après avoir longuement disséqué son nouveau disque. « C’est vraiment la première fois que je me permets d’aller dans cette direction. Je suis une maniaque de chansons tristes, mais peut-être que j’avais peur avant », confie cette fan avouée de la mélancolie de Bright Eyes et Nine Inch Nails. Pour bien marquer le coup, Pascale Picard, qui a rompu avec son groupe pour se lancer en solo, n’y va pas par quatre chemins. Dès les premières secondes de l’album, les accords de piano chagrin de Waltzing Disappoint­ments annoncent ses nouvelles couleurs. « Ce n’est pas pour rien que c’est la première. Ça a l’air d’une toune de dépression post-partum », dit en éclatant de rire la maman de la petite Léonie.

PIANO ET GRATTON

Le piano. Ça aussi c’est nouveau pour Pascale. « J’en avais un petit peu sur le premier disque, mais là, j’ai presque tout composé au piano. C’est possibleme­nt l’instrument qui m’a permis d’être plus triste. » Pour mener tous ces changement­s à bon port, elle a fait appel aux services d’Antoine Gratton à la réalisatio­n. « J’ai assisté à En direct de l’univers le soir de Patrice Michaud. Antoine faisait une chanson et ce fut comme une épiphanie. J’étais certaine que c’était lui. Et ça n’a jamais été aussi simple de faire un album. C’est un génie. C’est presque frustrant de travailler avec lui. Il peut écrire une partition de quatuor à cordes sur le coin de la table en buvant son café. »

LE FRANÇAIS FINALEMENT

La mélancolie, le piano, Gratton à la console, vous croyez que c’en est fini des nouveautés ? Détrompez-vous. Pour la première fois de sa carrière, Pascale Picard a écrit, enregistré et mis sur album une chanson en français. Elle s’intitule La tempête et se veut la conséquenc­e directe de sa participat­ion à un atelier d’écriture à Tadoussac, en 2015, et aux Francofoli­es.

« Ça m’a débloquée, avoue celle qui a toujours chanté en anglais. Avant j’attendais d’avoir un grand mal de vivre, je ne savais pas comment trouver l’inspiratio­n. »

L’exercice n’a pas été simple. Comme l’a constaté Pascale Picard, l’anglais et le français sont « deux matériaux différents ». « J’ai l’impression d’être à la maternelle en français et au secondaire en anglais. »

La tempête, dit-elle, est née à la suite du décès de sa belle-mère. « Je le savais que j’avais quelque chose dont j’allais être fière. »

LA LIBERTÉ PAR-DESSUS TOUT

Dix ans après le succès fulgurant de l’album

Me, Myself and Us et du simple Gate 22, Pascale Picard est heureuse d’avoir duré. Qu’importe si ses albums suivants, A Letter To No One et All

Things Pass, n’ont pas connu le même succès que celui qui s’était écoulé à 300 000 exemplaire­s et lui avait permis de faire la première partie de Paul McCartney, sur les plaines d’Abraham.

« Il y a eu des moments plus difficiles et des moments heureux qui n’étaient pas proportion­nels au succès que j’avais. Il y a des moments où je vendais moins de disques, mais où j’étais beaucoup plus heureuse », analyse celle qui chérit par-dessus tout sa liberté artistique.

« Je ne ferais rien différemme­nt. J’ai trouvé ça difficile de revenir avec mon deuxième album et de me pogner avec ma maison de disques. Ils avaient fait travailler un compositeu­r en France qui me rejouait Gate 22 à la guitare sur d’autres accords en me disant : si tu fais un texte là-dessus, ça va être un hit, on va sortir l’album. Tant qu’à ça, je vais la composer moi-même et conserver les droits d’auteur. Mais je ne voulais pas faire ça. Tu ne veux pas refaire la même toune tout le temps. »

« Ça m’a coûté cher de m’obstiner, poursuit-elle. Ça m’a coûté mon contrat de disques. Mais quand j’écoute A Letter To No One, je le trouve encore super bon. »

Et ça, ça n’a rien de triste.

The Beauty We’ve Found, de Pascale Picard, en vente depuis hier. En concert le 14 février 2019 au cabaret Lion d’Or de Montréal et le 12 avril 2019 à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec.

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