Le Journal de Montreal - Weekend

JOLI, MAIS MORTEL SÉJOUR

- ISABELLE HONTEBEYRI­E Agence QMI

Avec Sale temps à l’hôtel El Royale, Drew Goddard offre un film noir, joliment ancré dans l’Amérique des années 1960, délicieuse­ment déjanté et servi par une solide distributi­on.

En une nuit, il s’en passe des choses dans cet hôtel à moitié abandonné, situé en Californie et au Nevada (une frontière américaine intérieure passe en plein milieu des deux États).

Lorsque Darlene Sweet (Cynthia Erivo), une chanteuse noire, arrive au El Royale, elle tombe sur le père Daniel Flynn (Jeff Bridges) et Laramie Sullivan (Jon Hamm), un vendeur d’aspirateur­s. Se joindront à eux plusieurs autres personnage­s, incluant Emily Summerspri­ng (Dakota Johnson). Lorsque le concierge Miles Miller (Lewis Pullman) daigne se montrer, c’est pour leur expliquer la gloire d’antan de l’établissem­ent. JOUER AVEC LES CODES

Mais il ne faut se fier ni au El Royale ni à ses clients, rien n’étant ce qu’il paraît être, tant les humains que les lieux (on souligne les décors, hyper léchés).

Comme dans La cabane dans les bois, son précédent long métrage (coécrit par Joss Whedon), Drew Goddard s’amuse à jouer avec et à déconstrui­re les codes du film noir tout en y incluant certaines de ses obsessions comme la surveillan­ce (et les miroirs sans tain), les apparences, la morale, etc.

Afin de garder le spectateur en état d’alerte durant les 140 minutes, le cinéaste et scénariste alterne les points de vue entre les personnage­s et pense à dévoiler quelques aspects du passé des protagonis­tes.

Si Cynthia Erivo est sans conteste la révélation du long métrage, on note la présence de Chris Hemsworth (chut ! Pas de détails sur la nature de son rôle), habitué de l’univers de Goddard, lui qui a été embauché pour La cabane dans les

bois avant d’être l’interprète de Thor. Il y a aussi une surprise de taille dans Sale

temps à l’hôtel El Royale : l’apparition surprise de Xavier Dolan en gérant britanniqu­e (oui, il maîtrise l’accent) bien désagréabl­e.

Connu pour ses scénarios, entre autres, de Cloverfiel­d, World War Z, Le martien, ainsi que sa participat­ion à des séries telles que Buffy contre les

vampires, Angel ou Lost, Drew Goddard continue de prouver son talent à l’écriture des dialogues, qu’ils servent à situer psychologi­quement les personnage­s ou qu’ils soient courts, mémorables et punchés. Les amateurs de La cabane dans

les bois ne manqueront pas de tracer le parallèle, mais pas la comparaiso­n, entre les deux production­s. Sale

temps à l’hôtel El Royale confirme que Drew Goddard possède une manière originale et reconnaiss­able entre mille de raconter une histoire. On en redemande.

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