Le Journal de Montreal - Weekend

AVANCER MALGRÉ LES EMBÛCHES

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Dans La ligne droite, la chanteuse une autobiogra­phie-choc, country Guylaine Tanguay raconte son enfance difficile auprès d’un père alcoolique, puis son décès brutal, son long et difficile parcours pour se faire une place dans le milieu artistique et son combat quotidien avec les douleurs sournoises de la fibromyalg­ie.

Native du Lac-Saint-Jean, Guylaine Tanguay a commencé à chanter dès l’enfance. À force de persévéran­ce, elle est devenue une artiste country très populaire et très proche de son public.

Elle s’est vidé le coeur en partageant l’histoire de sa vie. On apprend qu’elle a dû composer avec un père alcoolique puis joueur compulsif. Il a fallu très tôt qu’elle développe son autonomie. Son parcours de chanteuse a été jalonné d’embûches. Mais elle a gardé le cap sur la lumière.

« Quand on m’a demandé de raconter l’histoire de ma vie, d’abord, je ne voulais pas », révèle l’auteure, en entrevue. Elle a pris le temps de réfléchir, puis elle a changé d’idée. « Je me suis dit que parfois, on peut peut-être aider des gens qui étaient comme moi, coincés avec plein d’affaires de jeunesse ou peu importe. Puis, je me suis dit, pourquoi pas ? Mais en ayant une voix positive à travers tout ça. »

« Il y a eu des moments très sombres dans ma vie, mais plein de beaux moments lumineux aussi. »

UNE DÉMARCHE DIFFICILE

Elle a écrit le livre elle-même. « C’était nouveau : je n’ai jamais écrit un livre de ma vie ! Et de me raconter, moi, surtout les choses plus difficiles, ça a été lourd par moment. Et à travers ça, ma vie continuait : j’avais les spectacles et tout. J’avais les deux côtés, où j’étais très heureuse et tout se passait bien, puis je revenais dans “ma vie d’avant”, dans mes souvenirs, pour les écrire. Ça a été particuliè­rement difficile, mais en même temps, ça faisait du bien. »

Elle voulait se libérer complèteme­nt. « Pour être parfaiteme­nt libre et équilibrée, il fallait qu’un jour, je puisse raconter ces affaires-là. » L’acte est courageux : l’écriture l’a chamboulée... et risque de choquer d’autres personnes aussi – par exemple les gens de sa famille –, puisqu’elle fait des révélation­s publiques sur son enfance.

« Dès que je me mettais à penser aux autres, je voulais toujours m’arrêter et me censurer. Mais je me suis dit, mon père était ce qu’il était, et c’est moi qui ai dû subir ça. »

DEVENIR CHANTEUSE

Guylaine Tanguay parle aussi des abus de confiance et des dérapages en tout genre qui ont ponctué son parcours artistique. « Mon parcours à moi était assez sombre avec les hommes. Je subissais... mais c’était presque normal, dans ma vie, qu’un homme me dirige, m’écrase psychologi­quement, me fasse un peu peur. Je trouve effrayant de dire ça, aujourd’hui. »

Elle assure qu’elle était une fille heureuse, mais que tout l’amenait à être malheureus­e. « Il y avait toujours quelque chose qui faisait que ça devenait sombre et que je perdais ma lumière. C’est presque un parcours habituel: on pourrait juste changer le nom et plein de chanteuses pourraient se retrouver là-dedans. Mais je voulais le raconter, parce que je me fais demander beaucoup de conseils par les jeunes qui veulent commencer dans le country. »

Ce qui fait qu’elle a réussi, malgré tout, c’est de suivre l’objectif qu’elle s’est toujours fixé : celui d’avancer. « Peu importe que les gens me mettent des bâtons dans les roues, je me relevais, j’avançais. J’ai toujours été forte. Dans la business, je suis toujours restée la même personne. J’ai vieilli, mais je suis la même fille. Mon but n’était pas d’être reconnue, d’être célèbre : je voulais chanter. »

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LA LIGNE DROITE Guylaine Tanguay Éditions Libre Expression 256 pages

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