Le Journal de Montreal - Weekend

L'INEXTUIBUI­BLE FEU SACRÉ

Ginette Reno est catégoriqu­e. « Je n’arrêterai jamais de chanter. » À 72 ans, elle entend bien ralentir la cadence, certes, mais jamais l’idée de se retirer ne lui a traversé l’esprit. « Le mot retraite ne fait pas partie de mon vocabulair­e », raconte-t-e

- BRUNO LAPOINTE Le Journal de Montréal bruno.lapointe @quebecorme­dia.com L’album À jamais est disponible maintenant.

« Je ne serais pas capable d’arrêter de chanter. Et de toute façon, pourquoi je le ferais ? J’aime le monde, et le monde semble m’aimer encore. Alors je fais ce que j’ai à faire et je continue d’avancer, en chantant », explique Ginette Reno, en entretien vidéo avec

Le Journal depuis la Floride. La chanteuse s’y est réfugiée dans sa résidence secondaire, son « oasis de paix » sous le soleil, il y a une dizaine de jours, avant d’entamer la tournée promotionn­elle pour À jamais.

« Je viens me ressourcer ici quand j’en ressens le besoin. À chaque fois que je rentre à la maison après avoir passé du temps en Floride, je suis une personne nouvelle », confie-t-elle.

CHANTER SA VÉRITÉ

Depuis rentrée au Québec, Ginette Reno est fin prête à partager avec ses fans le fruit de son travail, nommément 13 nouvelles chansons inédites réunies sur l’album À jamais, disponible depuis hier. La carrière de la chanteuse, qui s’étend depuis maintenant six décennies, lui aura permis de lancer de nombreux albums. Combien, exactement ? La principale intéressée en perd elle-même le compte.

« J’ai dû faire une quarantain­e de disques. Mais si on ajoute les albums

live, ça doit monter autour de 50 », estime-t-elle.

À 72 ans, elle sait pertinemme­nt qu’il ne lui en reste pas des dizaines à présenter à ses fans. Ainsi, À jamais prend une significat­ion particuliè­re pour elle.

Ginette Reno a donc tenu à faire de ce nouvel opus une oeuvre très personnell­e. Ainsi, bien qu’elle ne signe officielle­ment que les paroles de deux chansons (La maison est grande et À

jamais), elle a participé, de près ou de loin, à l’écriture de presque toutes les pièces.

« J’ai ce défaut ; il faut que ce que je chante soit vrai. On dit souvent que chanter, c’est raconter ce qu’on ressent. Alors je nourris beaucoup mes auteurs », avance-t-elle.

À titre d’exemple, Ginette Reno cite plusieurs passages des titres regroupés sur À jamais, racontant que ce sont ses mots qui ont été repris, et mis en contexte, par les auteurs ayant collaboré à l’album.

De ce lot, plusieurs sont tirés d’une chanson dont le titre fait, de prime abord, sourciller : La grosse.

« C’est moi, La grosse », précise-telle, un large sourire aux lèvres. TROUVER LE POSITIF En effet, la chanteuse raconte au Journal l’anecdote derrière ce titre un peu particulie­r. « La grosse » est le surnom que lui ont donné certains Français lors de ses premiers engagement­s profession­nels dans l’Hexagone. Le patron d’une « grande compagnie de disques » avait alors refusé de lui donner un contrat en raison de son embonpoint.

« Il disait : “Mais voyons, elle ne cadre pas. Elle est trop grosse. Elle est énorme ! On n’en veut pas” », se souvient Ginette Reno.

« Plus tard, j’ai compris que, dans la vie, si je veux frapper fort, je dois utiliser le négatif de manière positive. Je savais déjà qu’il faudrait que je fasse une chanson qui s’appellerai­t La

grosse », continue-t-elle. C’est finalement Thierry Sforza et Jean Réveillon qui ont mis en mots cette ode à la chanteuse, sur une musique de Rick Allison.

Oui, cette chanson est finalement « très positive », selon les dires de Ginette Reno. Mais elle ne cache pas qu’elle doit toujours travailler fort sur son estime personnell­e. La partie n’est peut-être pas encore entièremen­t gagnée, mais elle revient tout de même de loin. De très loin, même.

« Je viens d’une famille dysfonctio­nnelle. Mon père était alcoolique et ma mère était bipolaire. Ce n’était pas toujours rose à la maison. Alors j’ai toujours travaillé sur mon estime de soi », confie-t-elle.

« Et là, maintenant, je commence à me trouver bonne et belle. Je ne sais pas ce qui se passe », ajoute-t-elle en riant. UN NOUVEAU LOOK

La chanteuse avoue que son nouveau look y est pour beaucoup. Car pour À jamais, Ginette Reno a tenu à revenir sur disque accompagné­e d’un nouveau look. Elle apparaît donc avec une longue chevelure épaisse, une image qui tranche avec les coupes à la garçonne qu’elle a longtemps arborées. Et elle n’en est pas peu fière.

« C’est toute ma féminité et toute ma sensualité que je ressens dans mes cheveux longs. Même si quelqu’un me disait que ça ne me faisait pas bien, je ne les couperai pas. Je ne suis pas capable », confie-t-elle, montrant fièrement sa tignasse poivre et sel.

Et bien qu’elle n’ait pas retrouvé l’amour, sa chevelure nouvelleme­nt volumineus­e lui inspire aujourd’hui de nouvelles voluptés.

« J’ai fait une croix sur les hommes, pour le moment en tout cas. Mais j’aimerais qu’un homme me brosse les cheveux. Juste ça. Je ne dis donc pas que je n’aimerais pas en rencontrer un... », avance-t-elle, candide.

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