Le Journal de Montreal - Weekend
UNE QUÊTE D’IDENTITÉ DÉCALÉE
Serge Postigo et Éric Bernier ont renoué avec leurs robes, leurs perruques et leur accent d’Angleterre de 1840. À leur agenda des prochains mois figurent une cinquantaine de représentations du Mystère d’Irma Vep, chacune portée par une soixantaine de changements de costumes, que les deux acteurs doivent enfiler à la vitesse de l’éclair dans les coulisses… et sans aide !
« On s’y voue corps et âme, et corps, particulièrement », a rigolé Serge Postigo.
Ajoutées à l’humour délicieusement décalé de cette parodie des univers de l’aristocratie britannique ainsi que des vampires et des loups-garous, les prouesses vestimentaires de Bernier et Postigo – qui incarnent à eux seuls une dizaine de personnages dans cette adaptation de la pièce de l’Américain Charles Ludlam – sont l’un des éléments qu’on retient le plus au sortir de ce spectacle que Juste pour rire avait programmé pour la première fois avec grand succès en 2004. Les dernières prestations du Mystère d’Irma Vep en sol québécois remontent à 2008.
Le mystère d’Irma Vep se fonde sur un propos consistant, a expliqué le metteur en scène Martin Faucher.
Le message véhiculé par ce récit sur la quête de soi va bien au-delà des mille et une pitreries des personnages loufoques qui peuplent le manoir de Mandacrest, où le fantôme de la défunte Lady Irma (Irma Vep, anagramme de « vampire ») rôde chez Lord Edgar (Bernier) et sa nouvelle épouse, Lady Enid (Postigo).
FANTASMES REFOULÉS
« Charles Ludlam était auteur, metteur en scène et comédien, a décrit Martin Faucher. Dès le début des années 70, il était très concerné, préoccupé par le genre : les hommes, les femmes, les relations, la sexualité, l’acceptation de toutes les manifestations de désir. Au début des années 80, à New York, c’était la crise du sida – lui-même en est décédé –, et il a décidé de faire un spectacle où le sang était au centre de l’histoire. Une histoire de vampires. »
« À l’intérieur de ça, tout le monde a des fantasmes refoulés. Il y a un homme en couple avec une femme, mais pas nécessairement heureux dans sa sexualité, qui camoufle quelque chose. C’est le rapport à l’“assumation” de soi, à l’acceptation de l’autre. C’est sage, comme histoire, mais la façon de la raconter est folle. »
Le mystère d’Irma Vep prend l’affiche du Monument-National, à Montréal, le 24 octobre, et partira en tournée à compter du 1er décembre. Hahaha.com