Le Journal de Montreal - Weekend
« MA MUSIQUE FAIT RÊVER LES GENS »
La musique d’Alexandra Stréliski a d’abord piqué la curiosité des gens qui l’ont entendue à la soirée des Oscars, en 2014, grâce aux nominations récoltées par le film Dallas Buyers
Club, de Jean-Marc Vallée. Quatre ans plus tard, les mélodies néoclassiques à saveur pop de la pianiste québécoise ont manifestement élu domicile dans le coeur de nombreux mélomanes.
Jugez-en par vous-même. À sa sortie, le 5 octobre, son album INSCAPE s’est hissé au second échelon du palmarès des ventes d’iTunes et a, dans la foulée, tiré dans le top 10 son seul et unique album jusqu’alors, Pianoscope, paru en 2010. Sans surprise alors, INSCAPE a été l’album québécois le plus vendu de la dernière semaine.
Stréliski, Montréalaise d’origine polonaise, est aussi l’une des rares artistes québécoises dont les écoutes se comptent en millions sur Spotify. Berceuse, pièce tirée de son premier opus, a même franchi le cap des 13 millions d’écoutes.
Tout cela attire l’attention à l’étranger. La semaine dernière, elle faisait partie de la délégation québécoise qui a pris part au MaMA Festival, à Paris. Le
Billboard, publication prestigieuse, vient pour sa part d’en faire « une des nouvelles vedettes du classique moderne ». Rien de moins.
Au bout du fil, Stréliski hésite quelques secondes quand on lui demande si elle sait pourquoi sa musique touche autant les gens.
« Je sais que ça les fait rêver, que ça leur permet d’avoir des images dans leurs têtes. J’ai l’impression aussi que ma musique ramène le monde à leurs émotions et à leur coeur. Ça fait du bien. On en a besoin de nos jours et c’est ce que je reçois comme témoignage. »
SORTIR DE SA ZONE
Âgée de 33 ans, Alexandra Stréliski a d’abord mis son talent au service de l’industrie de la pub, un travail qui lui assurait une stabilité financière. Or, l’année dernière, elle a décidé de laisser tomber ce filet de sécurité et de composer de la musique pour elle-même.
Cette réorientation de carrière a amené la musicienne à sortir de sa zone de confort à plus d’un niveau. Entre autres, elle devra affronter le public sur une scène. Son lancement d’album à Montréal, la veille de notre entretien, était son « 6e ou 7e concert à vie ».
« C’est vraiment exigeant pour moi de jouer sur scène. Ça me prend beaucoup de concentration et d’ouverture parce que ce sont des pièces qui sont intimes. En même temps, ça fait de beaux moments parce que les spectateurs vont aussi dans leur intimité. »
LES MÊMES ONDES QUE VALLÉE
Stréliski adore faire de la musique de film. À cet égard, sa rencontre avec Jean-Marc Vallée a été une bénédiction. En plus d’utiliser des pièces de la pianiste dans Dallas Buyers Club,
Demolition et Big Little Lies, le cinéaste québécois lui a demandé un concerto sur mesure pour sa nouvelle série Sharp
Objects. Elle a aussi créé le thème du troisième épisode. La collaboration a été un charme, confie-t-elle.
« Je savais que si j’aimais ça, il allait aimer ça. On vibre un peu sur les mêmes ondes artistiques. »
Cette visibilité que lui ont procurée les projets de Vallée, on s’en doute, a fait sonner son téléphone de plus en plus souvent. Mais Stréliski évite sagement de trop encombrer son emploi du temps.
« En ce moment, je ne prends pas beaucoup de projets, car je me consacre à la sortie de l’album. Mais j’ai envie d’en faire. Je veux que la musique de film reste dans ma vie. » En concert le 22 février 2019 au Théâtre Outremont, à Montréal, et le 1er mars 2019 au Palais Montcalm, à Québec.