Le Journal de Montreal - Weekend
SE MARIER POUR LE PASSEPORT
Constatant Brexit auprès le des choc jeunes causé couples par le binationaux de son entourage, la romancière Clémentine Beauvais, qui habite la Grande-Bretagne depuis 12 ans, a imaginé que des jeunes fondaient une appli pour faciliter les mariages blancs, dans son nouveau roman, Brexit romance.
« Tout à coup, je voyais plein de mes amis, des couples binationaux, qui disaient qu’ils avaient intérêt à se marier pour que l’autre puisse avoir un passeport européen ! J’ai pris ça et j’en ai fait un truc de roman », explique-t-elle.
À son avis, ce n’est pas une situation très plausible... et il n’y a pas de panique au sujet des mariages et du Brexit. « A priori, ça m’apparaît un petit peu du règne de la littérature plutôt que celui de la réalité. Mais justement, moi, j’aime bien les situations qui sont un peu plus exagérées que dans la vraie vie, parce que ça fait ressortir tout un tas de trucs qui d’habitude restent cachés. On peut en parler de manière comique ou romantique. »
PERSONNAGE ROMANTIQUE
Elle savait qu’elle allait créer tout un
casting franco-britannique. Marguerite, une petite Française très romantique, très amoureuse de la littérature britannique, est apparue très vite. « C’est un personnage qui résonnait beaucoup avec le genre de romantisme que beaucoup de jeunes Françaises vouent envers la Grande-Bretagne. »
Clémentine est elle-même une grande amoureuse de la littérature romantique britannique et adore les écrits de Jane Austen. « De plein de manières, il y a beaucoup de moi dans Marguerite, de moi quand j’avais 17 ans et que je suis partie en Angleterre. J’étais très
fan des soeurs Brontë et j’ai lu tout Jane Austen, Agatha Christie, tous les grands classiques de la littérature anglaise. Je pense qu’il y a une grande fascination en France pour une espèce de vie à la campagne britannique, dans ces grands châteaux à la Dowton Abbey. »
L’OPÉRA
Marguerite, son héroïne, est une soprano. Clémentine invite donc ses lecteurs dans l’univers de l’opéra, peu souvent travaillé en littérature. « Le côté théâtral, c’était voulu. Pour moi, la comédie romantique a un côté très théâtralisé, avec des confusions, des sentiments, des mariages qui se font, qui ne se font pas, qui se défont. » Son autre roman, Songe à la douceur, était l’adaptation de l’opéra Eugène Onéguine de Tchaïkovski et du livre en vers de l’écrivain russe Alexandre Pouchkine. « L’opéra, c’est éhontément des histoires de confusion, de mariage, de remariage, et au travers de ça, il y a un énorme pouvoir comique et beaucoup d’exploration des sentiments. » Brexit romance s’ouvre sur le Mariage de Figaro et se termine sur l’aria de Roméo et Juliette : c’était pour elle une manière de signaler très fortement que « c’est une histoire où il y a des rôles qui sont joués. Et comme dans un opéra, il faut entrer dedans. » Clémentine a d’ailleurs cadré son roman comme un opéra, avec une ouverture, quatre actes et une scène finale. Sa playlist, qui compte The Cure, Queen et Brassens, est parfaite.
Clémentine Beauvais a écrit une vingtaine de romans traduits dans 12 pays.
Les Petites reines est adapté au théâtre et en cours d’adaptation cinématographique.
Elle est enseignante-chercheuse en sciences de l’éducation à l’université de York en Grande-Bretagne.
Elle aimerait bien revenir au Canada pour rencontrer ses lecteurs.