Le Journal de Montreal - Weekend

NANCY MARTINEZ

- AGNÈS GAUDET agnes.gaudet @quebecorme­dia.com

Des milliers d’amateurs ont dansé sur ses chansons I’m gona get your love, For tonight et Sunshine Reggae/La vie en rose, tant dans les nombreuses discothèqu­es de Montréal, un centre névralgiqu­e de la musique disco de l’époque, qu’aux États-Unis. Reine du genre freestyle des années 1980, Nancy Martinez avait du jour au lendemain atteint les premières places des palmarès Billboard américains grâce à ses pièces dance électroniq­ues. Pas mal pour une jeune Montréalai­se de 25 ans. Quels souvenirs gardez-vous de l’époque où vous étiez au sommet de la popularité ?

C’est arrivé tellement vite. Mais j’étais prête. Du jour au lendemain, mon disque a grimpé dans les palmarès aux ÉtatsUnis. C’était en 1986, j’étais avec Atlantic Records. C’était gros et c’était quelque chose de surprenant, une petite fille de Montréal qui perçait aux États-Unis ! Mais quand le succès arrive, on ne voit pas ce qui se passe, on ne réalise pas l’ampleur de la situation. Rétrospect­ivement, je réalise que j’ai travaillé avec beaucoup de bons artistes, j’ai voyagé beaucoup, j’ai rencontré des gens extraordin­aires et j’ai adoré ça.

À quoi attribuez-vous ce succès ?

C’est arrivé comme ça. Dans la vie, il n’y a pas de chance. « La chance, c’est la préparatio­n qui rencontre un moment d’opportunit­é ! » Cette phrase n’est pas de moi. Elle est d’Oprah Winfrey. Je la lui ai empruntée ! Mais je trouve que ça a bien du bon sens ! J’ai fait un album, j’étais prête et ça a marché.

C’était la folle époque disco ?

Pour ma part, c’était tout de suite après la grande époque du disco, alors qu’il y avait plusieurs branches du disco. Moi, je faisais du freestyle, un dérivé du disco avec un rythme différent et des sons électroniq­ues créés par synthétise­ur. Certains ont boudé ce style musical, mais c’était une bonne musique entraînant­e. On sortait danser et il y avait des queues partout à Montréal. Montréal était un centre important pour le disco.

Dans quelles circonstan­ces avezvous diminué le rythme ?

Je suis tombée enceinte de ma fille (elle a 28 ans) et j’ai réalisé que je ne voulais plus autant voyager à l’étranger. Alors j’ai décidé de faire un album en français, puis un autre. Je pouvais donc exercer mon métier chez moi et moins voyager. Mais je n’ai jamais arrêté.

La carrière aux États-Unis aurait pu être immense. Si c’était à refaire, qu’est-ce que vous changeriez ?

Je ne changerais rien du tout. Je n’ai aucun regret. Dans la vie, you get what

you want. J’ai eu ce que j’ai voulu et je suis contente avec ça. Dans ce métier, si on ne fait pas attention, on n’a plus de vie. Mon seul regret est de n’avoir pas réalisé davantage de vidéos de ma fille quand elle était petite ! Je suis reconnaiss­ante de tout ce que la vie m’a donné. Je suis très heureuse et je n’ai aucune amertume.

Que s’est-il passé après les années disco ?

La musique a changé. Mon style de musique a commencé à être démodé. Mais j’ai continué à faire des spectacles, avec d’autres chanteuses et aussi des corpos. Je fais encore des corpos et je chante parfois au Casino de Montréal. Et puis j’ai fait des disques de musique jazz. Depuis 15 ans, j’enseigne à temps plein le chant populaire au Cegep Marie-Victorin à Montréal. J’ai de grosses classes d’étudiants qui ont une moyenne d’âge de 17 ans, mais aussi des gens de 30 ans, et même une femme de 52 ans cette session-ci. J’adore ça quand je vois des élèves qui évoluent parce qu’ils lâchent prise et qui partent faire carrière dans la musique. Ça me rend tellement heureuse de partager mes connaissan­ces avec eux.

Quels sont vos projets ?

Je n’ai pas de plan de disque dans l’immédiat, mais j’aime beaucoup chanter le disco et nous proposons un nouveau spectacle, le DiscoFest show, pour célébrer 40 ans de disco, un gros party avec Patsy Gallant, Châtelaine, Bonnie des Pointer sisters, Pierre Perpall et plusieurs autres. On espère partir en tournée. C’est grâce à Pierre que j’ai été découverte. Je suis devenue sa choriste parce que je fréquentai­s son batteur de l’époque et Pierre me poussait en avant de la scène. Sur scène je chante mon hit Sunshine reggae/La vie en rose, I will survive de Gloria Gainer, Last dance de Donna Summer. J’adore chanter, je ne lâcherai jamais. J’aime trop ça !

 ??  ?? Chaque semaine,Le Journal retrouve des artistes qui ont connu la gloire, mais qu’on voit moins depuis quelques années. On ne les a pas oubliés pour autant…
Chaque semaine,Le Journal retrouve des artistes qui ont connu la gloire, mais qu’on voit moins depuis quelques années. On ne les a pas oubliés pour autant…
 ??  ?? Très blonde et sexy, Nancy Martinez en 1993, alors qu’elle lançait son second album en français Pourquoi tu pars ? sur lequel se trouve notamment La Maîtresse de tes rêves.
Très blonde et sexy, Nancy Martinez en 1993, alors qu’elle lançait son second album en français Pourquoi tu pars ? sur lequel se trouve notamment La Maîtresse de tes rêves.
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada