Le Journal de Montreal - Weekend
L’ÉLOGE DE L’UNICITÉ
Une colonie ∂∂∂∂∑∂ Un film de Geneviève Dulude-De Celles Avec Émilie Bierre, Noémie Godin-Vigneault et Robin Aubert
Avec Une colonie, la cinéaste Geneviève Dulude-De Celles signe un long métrage pertinent sur l’adolescence, porté par une Émilie Bierre naturelle et spontanée.
Elle s’appelle Mylia. L’héroïne d’Une
colonie est incarnée par Émilie Bierre, vue notamment dans Les beaux malaises. Cette histoire de « coming of age » comme disent les Américains – de passage entre l’enfance et l’adolescence puis de cette période charnière à l’âge adulte – ne serait pas la même sans la présence de la jeune actrice, criante de vérité.
Mylia habite dans une petite ville du Québec. Elle amorce son secondaire et tente d’oublier un passé de victime d’intimidation. Dans l’une des scènes d’ouverture du film, Mylia rappelle à sa petite soeur Camille (Irlande Côté) que la vie, au fond, appartient aux plus forts et que les plus faibles sont condamnés à mourir.
À la maison, ses parents (Noémie Godin-Vigneault et Robin Aubert) sont au bord du divorce et Mylia, encore à cheval entre l’enfance et l’adolescence, oscille entre désaffection et complicité avec Camille. À l’école, elle se lie d’amitié avec Jacinthe (Cassandra Gosselin-Pelletier), élève plus âgée, qui lui fait découvrir les préoccupations de son âge. Première « brosse », premiers émois sexuels aussi. Parallèlement, la jeune fille devient amie avec Jimmy (Jacob Whiteduck-Lavoie), un Abénaquis qui est dans sa classe.
FORTE ET RÉSOLUE
Qu’on ne s’y trompe pas, Mylia est forte et résolue. L’interprétation d’Émilie Bierre, d’une justesse impressionnante jusque dans ses silences et ses regards, fait honneur à cette adolescente qui échappe ici au personnage unidimensionnel qu’on voit trop souvent dans ce genre de long métrage.
Bien plus riche qu’un Eighth Grade, sorti il y a quelques mois, ce film de chez nous mise sur la psychologie de la protagoniste, sans chercher à faire dans le « mignon » ou le rassurant. Mylia s’en sortira parce qu’elle assumera qui elle est (un peu à la manière du personnage de Sasha Lane dans American Honey), parce qu’elle ne cherchera pas à être comme les autres, parce que justement, elle ne fera aucun compromis. Et ça, c’est un discours qui fait du bien.