Le Journal de Montreal - Weekend
DES PARAPLUIES DE CHERBOURG AU ROCKY HORROR PICTURE SHOW !
Productrice derrière le succès des films d’animation La
guerre des tuques et La course des tuques, Marie-Claude Beauchamp ouvre toutes grandes les portes de sa mémoire cinématographique dans laquelle l’éclectisme règne en maître.
Marie-Claude, quel est votre premier souvenir d’une salle de cinéma ? Je devais avoir six ou sept ans et c’était
Devine qui vient dîner… j’ai de l’âge n’est-ce pas ? C’était dans le sous-sol de l’église, dans le cadre d’un ciné-club où nous allions le vendredi soir. Ce film m’a beaucoup marquée et est devenu, à mon adolescence, des sujets de discussion et mon argumentaire ! C’est un grand film sur la différence, la place des Noirs, etc. Iriez-vous jusqu’à dire qu’il s’agit de votre premier film marquant ? Oui, probablement. En fait, c’est celui qui a déclenché le plus de conversations avec mon père sur le racisme... et j’avais six ou sept ans ! Devine qui vient
dîner m’avait vraiment troublée parce que rien en moi n’était raciste et je me rendais compte à quel point il y en avait autour de moi. Ce film a vraiment été un déclencheur. Et plus récemment ? Je dirais Les fils de l’homme. J’en suis sortie troublée, chamboulée, à l’envers, estomaquée par la cinématographie. Y a-t-il un film dans lequel vous aimeriez vivre ? Je suis une romantique et je viens d’une famille où nous chantions beaucoup. Donc, les films dans lesquels il y avait de la musique jouaient en boucle et nous connaissions les chansons par coeur.
Les parapluies de Cherbourg a bercé une grande partie de mon enfance. Je connais toutes les paroles, j’ai chanté les chansons lors de mariages, j’ai même chanté ça au mariage de mon frère il n’y a pas longtemps ! Qui est votre premier « kick » au grand écran ? Je pense que c’est Ryan O’Neal dans
Love Story. Le film m’a fait verser toutes les larmes de mon corps. Quand j’avais besoin de pleurer – parce que lorsqu’on est adolescente, on a souvent besoin de pleurer, il faut que ça sorte –, je le regardais. La trame sonore qui a bercé votre adolescence ? Ça a été celle du Rocky Horror Picture
Show, la comédie musicale dans laquelle on intervenait. J’ai été la voir au moins 20 fois ! On pouvait y contribuer, on arrivait donc avec nos rouleaux de papier de toilette et toutes sortes d’éléments de base et, pendant le film, on intervenait à la demande de l’acteur. On lançait des choses ! C’était vraiment extraordinaire ! Un film qui vous a traumatisée, enfant ? C’est L’exorciste ! J’ai encore en tête l’image du corps qui glisse sur les marches ! Je n’avais pas l’âge – je devais avoir 13 ans environ –, mon frère l’avait et c’est lui qui m’avait fait rentrer par la porte d’en arrière du cinéma où il travaillait. J’en ai fait de ces cauchemars ! Le classique que vous n’avez toujours pas vu, mais que vous vous promettez de regarder ? Il y en a plusieurs, mais j’ai choisi Les
enragés (Reservoir Dogs). C’est un film que mon fils a vu et il passe son temps à me dire : « Quoi ? Tu ne l’as toujours pas vu ? » Une réplique de film que vous utilisez dans la vie courante ? Je dis souvent « On achève bien les chevaux ». C’est un film qui m’avait vraiment marquée et j’utilise le titre comme une expression.