Le Journal de Montreal - Weekend

LA MUSIQUE COMME THÉRAPIE

- DANIEL DAIGNAULT

Caroline Savoie a une feuille de route bien garnie pour ses 24 ans. Elle a donné plus de 500 spectacles, participé à The Voice en France en 2014 et a été la grande gagnante du Festival internatio­nal de la chanson de Granby en 2015. Sur son deuxième album, Pourchasse­r l’aube, la chanteuse acadienne a décidé d’aborder de front un problème auquel elle a été confrontée : la dépression. Caroline, à quel moment avez-vous réalisé que vous étiez en dépression ?

C’est bizarre, parce que je le savais que je n’allais pas bien. J’ai toujours été anxieuse, mais je faisais de plus en plus de crises d’anxiété. Il y a eu une période où j’ai été beaucoup occupée. J’étais tout le temps « sur la go » [...]. Ç’a été une accumulati­on de plein de trucs.

Êtes-vous allée consulter ?

Oui, même si je « dealais » mieux avec l’anxiété quand ça m’arrivait. À un moment donné, ma psy m’a dit qu’elle pensait qu’il fallait que je sois traitée pour une dépression. Au début, je ne comprenais pas trop. [...] Quand je l’ai accepté, je me suis mise à écrire plus de « tounes » sur ce sujet et la musique a été comme une thérapie.

Aujourd’hui, comment vous portez-vous ?

Je prends encore des antidépres­seurs et j’ai encore des crises d’anxiété, mais je suis maintenant capable, après avoir fait un an de thérapie, de voir venir les signes quand ça va moins bien. J’utilise les outils que ma psychologu­e m’a donnés.

Y a-t-il des choses qui vous rendent plus anxieuse que d’autres ?

Non, mais j’ai réalisé, quand je suis allée voir la psychologu­e, que ça faisait longtemps que j’étais une personne anxieuse. Depuis que je suis jeune, l’écriture a été un genre d’échappatoi­re.

Quelle est la chanson la plus personnell­e sur votre deuxième disque, Pourchasse­r l’aube ?

C’est l’extrait qui vient de sortir, 150 mg. Je parle du moment où je me suis fait prescrire des antidépres­seurs. J’ai composé la chanson le jour même. Au début, je la trouvais « tough » à chanter, parce que j’étais gênée ; j’avais du mal à accepter que j’avais besoin d’antidépres­seurs.

Pensez-vous que beaucoup de personnes vont se reconnaîtr­e dans les chansons que vous avez écrites sur le sujet ?

C’est justement pour ça que j’ai décidé d’en parler. Quand j’ai sorti mon album l’hiver dernier, j’ai été très touchée, parce que j’ai reçu beaucoup de témoignage­s, même du monde proche de moi qui, je l’ignorais, était passé à travers ça. Plusieurs personnes étaient surprises, me disaient que ça ne se pouvait pas, parce que je suis une fille joyeuse dans la vie.

On ne soupçonnai­t pas qu’une fille comme vous puisse souffrir de dépression ?

Non, et ça arrive souvent qu’on ne soupçonne pas des gens d’en souffrir. [...] C’est important d’en parler, parce qu’à un moment, ça peut devenir pire.

L’album Pourchasse­r l’aube est en magasin.

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