Le Journal de Montreal - Weekend

LA VÉRITÉ D’UN « FOUTU MÉTIER »

Comédienne et femme de théâtre, Louise Turcot s’est illustrée dans un grand nombre de rôles et dans tous les registres, tant sur les planches qu’au petit et au grand écran. Elle raconte toutes les facettes de son métier d’actrice – « un foutu métier » – d

- MARIE-FRANCE BORNAIS

Depuis sa sortie du Conservato­ire d’art dramatique de Montréal en 1965, Louise Turcot a joué dans des pièces de Corneille, Tennessee Williams, Arthur Miller, Marivaux… mais aussi dans des émissions fétiches de la télé québécoise comme Rue

des Pignons, Fanfreluch­e, et des films à

succès comme Deux femmes en or.

Ses lettres, sincères, drôles, mordantes par moment, racontent toutes les facettes du métier qu’elle a choisi, des auditions à la vie de tournée.

Elle les pimente d’anecdotes et de réflexions très intéressan­tes qui immortalis­ent une époque, des souvenirs.

Son travail est magnifique… et essentiel, révélant ce qui se cache derrière les masques et les décors.

« Le monde a beaucoup changé, mais il y a des choses de base qui restent, et les interrogat­ions des acteurs, quelle que soit l’époque, ça tourne toujours un petit peu autour des mêmes choses. C’est un art, alors comment s’épanouir dans son art, comment réussir, ce sont des interrogat­ions qui sont vieilles comme le monde », dit-elle.

PERSÉVÉRAN­CE ET DÉTERMINAT­ION

Elle insiste sur le fait qu’il ne faut pas se décourager, qu’il faut être à l’heure, qu’il faut savoir son texte.

« C’est un travail qui demande beaucoup de persévéran­ce, beaucoup de déterminat­ion, pour réussir à durer. On peut commencer d’une façon brillante et devenir une vedette très rapidement, mais est-ce que, 50 ans plus tard, on va être encore là ? C’est ça la principale difficulté, je trouve. »

La comédienne écrit que le trac est toujours son ennemi juré. « C’est encore difficile. Je pense qu’en vieillissa­nt, je ne connais pas un seul acteur ou une seule actrice qui peut dire qu’il n’a plus le trac. Je peux vous le jurer que ça n’existe pas. C’est tout ce qui fait qu’on est plus sensible et plus fragile. »

Elle a trouvé un bon remède à cette forme d’anxiété : la marche. « C’est simple, c’est pratique, ça coûte rien, c’est un exercice extraordin­aire. »

L’HUMILITÉ

Son texte est une invitation à se dépasser, tout le temps. « Le théâtre est un apprentiss­age incroyable. Ce qu’il nous apprend surtout, c’est l’humilité. Il n’y a personne qui commence en se pétant les bretelles. Cette position d’humilité, de disponibil­ité, d’acceptatio­n de ce qui va se passer – parce qu’il va se passer des choses imprévues –, cette belle dispositio­n d’esprit aussi. »

Dans la vie, on ne peut pas tout contrôler, ajoute-t-elle. « On est obligé d’accepter plein de choses qui nous arrivent. Et si on a une bonne façon de voir les choses, ça peut être bénéfique. C’est une chose que le théâtre nous apprend, parce que le théâtre, c’est l’instant présent, autant pendant les répétition­s que sur scène. »

Elle a aussi appris, grâce au théâtre, qu’on ne peut pas toujours réussir.

« Des fois, on ne sait pas pourquoi, pour toutes sortes de raisons, on n’arrive pas où on voulait aller. On arrive ailleurs. Il faut l’accepter et apprendre de nos erreurs. Le théâtre, c’est comme la vie : ça bouge, ça change, avec nos sentiments, notre vie, tout ce qui nous arrive, avec les rôles qu’on nous offre. Ce grand mouvement qui demande une énergie extraordin­aire, c’est une école de vie remarquabl­e. »

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