Le Journal de Montreal - Weekend

Un personnage créé pour Roy Dupuis

- MAXIME DEMERS

Après lui avoir confié, il y a trois ans, un personnage de père alcoolique violent dans le film Embrasse-moi comme tu m’aimes, le cinéaste André Forcier a voulu offrir à son acteur fétiche, Roy Dupuis, un vrai beau premier rôle qui s’inspirerai­t de ses conviction­s écologique­s. C’est ainsi qu’est né le personnage principal des Fleurs oubliées, quinzième long métrage de Forcier.

Roy Dupuis ne peut s’empêcher de sourire quand on lui fait remarquer que l’apiculteur qu’il incarne dans Les fleurs oubliées semble avoir été créé sur mesure pour lui. Ce personnage s’appelle Albert, il vit sur un bateau à voile et il installe des ruches sur les toits de Montréal pour sauver les abeilles. Son rêve ultime : fabriquer un hydromel spécial à partir de fleurs oubliées.

« C’est un héros, mais un héros à la Forcier, souligne Roy Dupuis en entrevue au Journal. On ne se cachera pas que le côté activiste du personnage, ça vient de moi. Et tout le monde sait que je fais de la voile.

« Cela dit, Albert a ses idéaux et ses valeurs, mais il a aussi ses zones d’ombre. C’est quelqu’un d’intègre, un scientifiq­ue à la base qui passe ses préoccupat­ions sur la science. Il me ressemble, mais je dirais que j’étais plus comme lui il y a quelques années. Je pense que quand Forcier a écrit le film, j’étais dans une passe un peu plus négative. J’étais frustré parce que le rapport Lanoue-Mousseau venait de sortir et qu’ils avaient décidé de poursuivre le projet de la Romaine malgré le fait que le rapport disait qu’il y aurait des impacts environnem­entaux et que ça ne se tenait pas debout sur le plan économique. Je ne comprenais pas pourquoi on prenait ce genre de décisions. Pour moi, ça voulait dire qu’on n’est juste pas assez intelligen­t. »

Les liens avec l’actualité sont d’ailleurs nombreux dans Les fleurs oubliées. Une des intrigues du film implique une multinatio­nale qui empoisonne la terre à coup de produits chimiques, une histoire qui fait directemen­t référence au scandale Monsanto.

« Pour moi, ces problèmes-là existent depuis longtemps, insiste Dupuis. Là, ça tombe que c’est dans l’actualité. Tant mieux pour le film. Ça va peut-être donner plus de motivation aux gens pour faire quelque chose ou d’être plus impliqués sur le plan émotif. Si ça peut divertir et informer en même temps, tant mieux. »

COMME UNE TEMPÊTE

Les fleurs oubliées est la sixième collaborat­ion entre André Forcier et Roy Dupuis. Le cinéaste de 72 ans avait déjà dirigé l’acteur de 56 ans dans Les États-Unis d’Albert, Je me souviens et Coteau Rouge, entre autres : « Je crois toutefois que c’est la première fois que j’ai le rôle principal de l’un de ses films, précise Dupuis.

« Avec Forcier, on est toujours dans le débordemen­t », ajoute l’acteur à propos de sa relation de travail avec celui qu’on surnomme « l’enfant terrible du cinéma québécois ».

« Autant ça peut déborder d’un côté positif, autant ça peut déborder d’un côté plus chaotique. On est un peu dans une tempête. Je fais de la voile et je sais très bien que dans une tempête, ça peut être un peu insécurisa­nt au début parce que tu dois équilibrer ton bateau. Mais à un moment donné, tu te rends compte que ça va bien et que c’est ben plus le fun quand ça va bien dans une tempête que quand c’est calme. C’est un peu ça, travailler avec Forcier. »

Le film Les fleurs oubliées ,està l’affiche depuis hier.

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Roy Dupuis dans une scène du film Les fleurs oubliées, 15e long métrage du cinéaste André Forcier.
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