Le Journal de Montreal - Weekend
UN VOYAGE DANS L’ENFANCE D’UNE ICÔNE
Virginia Après avoir publié Le Courage qu’il faut aux rivières, un premier roman très remarqué qui a gagné plusieurs prix, l’écrivaine française Emmanuelle Favier raconte l’enfance et l’adolescence d’une icône de la littérature, Virginia Woolf, dans son n
Emmanuelle Favier a décortiqué l’enfance et l’adolescence de cette femme de lettres anglaise célèbre — entre autres — pour son essai féministe, Une chambre à soi, publié en 1929.
« Quand j’ai commencé à m’attaquer à ce sujet, je ne mesurais pas l’audace que c’était de travailler sur Virginia Woolf, qui en a tellement écrit », dit-elle. « Ce qui m’intéressait, c’était son enfance : comment elle est devenue ce qu’elle est devenue, comment elle devient Virginia avant même de devenir Virginia Woolf. »
C’est un personnage qui l’a toujours fascinée, mais qu’elle a mis longtemps à lire parce qu’elle lui faisait un peu peur.
« Je pensais que c’était quelqu’un d’important et qu’il fallait que je sois suffisamment mûre pour l’approcher comme il fallait. Je savais que j’y viendrais… J’y suis venue au moment où je devenais moi-même écrivaine. Elle m’a accompagnée dans ce chemin. »
NOMBREUSES SURPRISES
En faisant ses recherches, Emmanuelle Favier a eu de nombreuses surprises. « Elle a une image un petit peu compliquée, mais ce qui m’a vraiment frappée, c’est son humour, sa drôlerie, qu’on sentait un peu dans ses textes, mais surtout dans sa correspondance et ses journaux. »
Emmanuelle Favier a examiné comment Virginia Woolf avait franchi les étapes lui permettant de s’autoriser à être elle-même, de s’autoriser à écrire.
« L’Angleterre est au coeur de la révolution poétique européenne et Virginia Woolf est au coeur de cette Angleterre érudite. Le petit décalage d’être qu’elle portait en elle, depuis le départ, contribue à faire ce personnage hors-norme qui a révolutionné la littérature. »
« TRÈS PROCHE »
Emmanuelle Favier considère qu’elle est elle-même devenue écrivaine en écrivant ce livre, même si elle en avait publié plusieurs autres.
« Finalement, c’est quelqu’un qui fait très peur, par son écriture parfois complexe, mais aussi par cette folie, cette image qu’on a d’elle. Mais en réalité, je me suis sentie très proche. »
Virginia Woolf ne lui fait plus peur du tout. « Je serais très heureuse de la rencontrer. C’est quelqu’un qui devait être extraordinaire à fréquenter. Non seulement elle m’a accompagnée pendant l’écriture, mais elle m’accompagne toujours. Je continue à lire son journal. »
« C’est la première femme à publier consciemment sous son nom, la première à avoir du succès de son vivant. C’est vraiment un modèle, une inspiration pour toutes les écrivaines. »
Emmanuelle Favier a vécu à Montréal et y compte toujours beaucoup d’amis. « C’est une vraie histoire d’amour avec le Québec, et revenir pour mes livres, c’est magique ! »