Le Journal de Montreal - Weekend
SE REPLONGER AU COEUR DE L’ENFANCE
Dix ans après la sortie de son best-seller Le Voleur d’ombres, l’écrivain français Marc Levy s’est replongé dans l’univers de l’enfance pour écrire une série jeunesse adaptée de ce roman. Chaque tome du Petit Voleur d’ombres est rehaussé des superbes aquarelles de Fred Bernard, trois fois lauréat du prix Goncourt jeunesse.
Le Petit Voleur d’ombres se déroule à la rentrée des classes, lorsqu’un garçon entreprend une nouvelle année dans un nouveau village.
Il a sauté une classe, il est beaucoup plus jeune que les autres et en paiera le prix. Heureusement, il se trouve des alliés : Yves, le concierge, et la jolie Élisabeth.
« J’ai eu la chance que Fred Bernard lise Le Voleur d’ombres — le livre que j’avais écrit pour les adultes — et qu’il adore ce roman », commente Marc Levy, en entrevue.
« Il a eu l’idée d’en faire une adaptation et me l’a proposée. J’avais énormément d’admiration pour son travail et j’ai dit oui tout de suite parce que ça correspondait à la fois à un rêve d’écrire un jour pour les jeunes. »
Se replonger dans l’univers du Voleur d’ombres lui a beaucoup plu. « J’ai retrouvé un personnage que je n’avais pas vu depuis dix ans. C’était assez doux, comme retrouver un vieil ami. Mais l’important, c’était qu’il n’ait pas grandi. On s’est retrouvés tout de suite. »
« Ce que je voulais, c’était garder la tonalité originale du roman, c’est-à-dire garder la façon qu’il avait de s’exprimer, son côté décalé, sa poésie, son regard sur la vie et sur ce pouvoir que la vie lui a donné ou qu’il s’est inventé. Il fallait épurer le texte d’un vocabulaire qui ne soit pas à la portée des lecteurs de cet âge, tout en gardant la poésie du personnage et son identité. Ça a été un travail de réadaptation et d’écriture qui a été porté par le plaisir que j’avais à retrouver ce petit voleur d’ombres, sa mère, son meilleur ami et toute la galerie de personnages qui l’accompagnent. »
LUTTER CONTRE L’ADVERSITÉ
Plusieurs thèmes sont véhiculés dans l’histoire : l’intimidation à l’école, les effets de sauter une classe, la séparation des parents, la difficulté de trouver sa place. Et la décision, pour le personnage, de lutter contre l’adversité.
Marc Levy n’a pas sauté de classe, mais il a connu l’intimidation à l’école. « Être le plus petit de la classe, oui. Beaucoup de personnages ont vraiment existé. Marquès a vraiment existé. Et petite anecdote amusante, quand j’ai écrit Le Voleur d’ombres, je suis allé puiser dans les émotions de ma propre enfance et je ne me suis pas rendu compte que j’avais reproduit les vrais prénoms. » Aussi a-t-il revu Élisabeth et Marquès, deux personnages du roman.
« Trois ou quatre mois après sa parution, je reçois via mon site web un courriel, où c’était écrit : “Cher Marc, je ne pensais pas qu’on pouvait être rancunier aussi longtemps. Je t’embrasse, Élisabeth.” Évidemment, ça m’a fait beaucoup rire et du coup, j’ai retrouvé cette vieille copine que je n’avais pas vue depuis près de 40 ans. »
APPARITION SURPRISE
Marquès, le champion de l’intimidation qui enferme le petit voleur d’ombres dans un casier de l’école, dans le roman, a lui aussi fait une apparition surprise lors d’une séance de dédicaces pour Le Voleur d’ombres.
« J’étais dans une librairie à Paris et quelqu’un m’a apporté son livre. J’ai dit, c’est à quel nom ? Et il m’a dit : Marquès. J’ai dit : mais… c’est toi ? Il a simplement pris le livre et il est reparti. » Pas content de se retrouver dans un livre ? « Peut-être qu’il n’était pas guéri ? »
√ Marc Levy a publié vingt romans, dont Ghost in Love, son dernier. Il est traduit en 49 langues et a vendu plus de 45 millions d’exemplaires de ses livres.
√ La série du Petit Voleur d’ombres
comptera huit tomes.
√ Une édition « Collector » de son premier roman, Et si c’était vrai, sort à temps pour les Fêtes. Il y signe une nouvelle préface.
√ Fred Bernard est un illustrateur français trois fois couronné du prix Goncourt jeunesse. Il a publié de nombreux albums avec François Roca.