Le Journal de Montreal - Weekend

JE VAIS TRÈS LOIN DANS LES SUJETS CHAUDS

– Olivier Martineau

- SANDRA GODIN Le Journal de Québec sandra.godin @quebecorme­dia.com

« Avec ce show-là, je vais choquer et peut-être me faire poursuivre, avancet-il. Disons que je vais très loin dans des sujets chauds d’actualité en humour. Je pense que je cristallis­e mon style. Moi, ce n’est pas vrai que je vais me censurer pour une personne dans la salle alors qu’il y en a mille qui rient. Parce que rester beige, c’est la pire chose qui puisse arriver à un humoriste. »

Pour discuter de son nouveau oneman-show, Olivier Martineau a donné rendez-vous au Journal dans une taverne, rue Sainte-Catherine Ouest, autour de 10 h… en matinée.

Le lieu de la rencontre est déterminé par la proximité de la station Énergie, où il coanime chaque matin l’émission

Le Boost ! « Moi, à cette heure-là, c’est mon 5 à 7 », dit-il en riant, une bière à la main. Il se lève maintenant au petit matin pour écrire son segment radiophoni­que « L’édito de Martineau », un commentair­e sur l’actualité qui cumule des milliers de visionneme­nts quotidienn­ement sur le web.

Aussi franc en entrevue que sur scène, Olivier Martineau est visiblemen­t fier de son deuxième spectacle, Parfa, dont le titre évoque, avec une certaine ironie, l’imperfecti­on dont on se satisfait. Il s’est entouré de Frédéric Simard et Christian Viau pour les textes, mais question d’avoir le dernier mot sur tout, il n’a pas de metteur en scène.

« Ce show-là, je te garantis qu’il n’y a pas de temps mort. Il y a plus de punchs que dans le premier. Et plus de commentair­e social. Tu vas savoir ce que je pense de la religion, de la politique. Je ne le faisais pas du tout avant. Et maintenant, je m’en fous. […] Je pense que j’ai une couenne plus épaisse qu’il y a dix ans. »

UN BURN-OUT QUI TRANSFORME

Entre son premier spectacle, lancé en janvier 2015 et pour lequel il s’est écoulé 60 000 billets, et son deuxième, l’humoriste a complèteme­nt changé sa perception vis-à-vis de son métier.

Le burn-out qu’il a fait durant sa première tournée, et qui l’a forcé à prendre quelques mois de convalesce­nce, est en grande partie responsabl­e du je-m’enfoutisme qui l’habite aujourd’hui.

Cela dit, il n’attribue pas cet épisode de dépression seulement à la tournée ou à son choix de carrière. « C’est tellement un métier difficile, on se fait varloper de partout. […] Je pense que c’est excessivem­ent exigeant, j’avais beaucoup de pression, beaucoup de fatigue, et une mauvaise gestion du stress. Autrement, je pense que j’avais une prédisposi­tion physique à être très stressé.

« Mais je me suis rendu malade en essayant de plaire à tout le monde, ajoute-t-il. Ça m’a fait réfléchir. À partir de ce moment-là, j’ai décidé que je n’en faisais plus un métier, j’en faisais un party. Je ne veux plus faire un show, je veux faire la fête. Je n’ai plus rien à perdre. Je pense que ce n’est pas une question d’avoir plus confiance en moi, c’est juste que je ne cherche plus à plaire àtoutprix.»

TENIR TÊTE À UNE INDUSTRIE

Olivier Martineau confie qu’il a dû se battre, parfois, à différente­s étapes de la conception de son spectacle, pour garder le style aussi incisif et grivois qui le caractéris­e.

« Il y a une rectitude qui règne dans le milieu, précise-t-il. Ce métier-là est tellement difficile, tellement exigeant que si en plus il fallait que je fasse ou dise quelque chose que moi je n’aime pas, juste pour plaire… Je ne veux surtout pas devenir un produit. »

Parlant de grivoiseri­es, Olivier Martineau gâtera ses fans en reprenant la guitare sur scène pour pousser quelques chansonnet­tes, dont une qui s’intitule La chanson parfaite .«Tout ce que je fais à la guitare, c’est supra imagé », décrit-il.

Olivier Martineau se ravise toutefois sur ses propos du début et précise qu’il ne cherche pas à choquer avec ses sujets controvers­és et ses gags en bas de la ceinture. Son but premier est toujours le rire. « Je suis un humoriste, pas un polémiste, pas un activiste d’aucune manière », soutient-il.

PAS PESSIMISTE

L’humoriste de 38 ans a un regard critique si aiguisé, si vif, qu’on pourrait penser à tort qu’il est un être pessimiste.

« Je ne suis pas négatif, je suis lucide, précise-t-il. Si tu as un peu les yeux ouverts sur la société, que tu es intrigué, curieux de savoir ce qui se passe, que tu lis les journaux et que tu penses que le monde va bien, c’est parce que tu ne sais pas lire les données qu’on te donne.

« À l’aube de la quarantain­e, je suis un jeune vieux et je me rends compte que maintenant, rien n’est parfait », constate-t-il.

Olivier Martineau a toujours été reconnu pour son franc-parler. À la suite de sa première tournée, qui a été marquée par un burn-out, celui qui s’apprête à lancer son deuxième spectacle veut être encore plus tranchant que jamais et promet de s’aventurer en terrain glissant avec des sujets chauds. « Je n’ai rien à perdre », affirme-t-il en entretien avec Le Journal.

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