Le Journal de Montreal - Weekend
La TOHU accueille une troupe du Maroc
Pour la première fois, la TOHU accueillera, dans quelques jours, une troupe d’Afrique du Nord, avec le spectacle Halka. Le Journal s’est entretenu avec Sanae El Kamouni, la directrice du Groupe acrobatique de Tanger, sur ce premier passage à Montréal pour les acrobates marocains. « Ils sont maintenant bien équipés pour affronter le froid ! » lance-t-elle en riant. Comment est née votre compagnie ?
« Elle a été fondée en 2004 à Tanger. À la base, tous les membres de la compagnie étaient des acrobates traditionnels. Ils transmettaient leur savoir-faire de génération en génération. Mon projet au départ était de créer un premier spectacle de cirque contemporain marocain, mais en partant de leurs traditions. On était la première compagnie de cirque contemporaine au Maroc. Maintenant, il y en a beaucoup plus, heureusement. »
Le spectacle que vous venez présenter à Montréal s’appelle Halka. Que signifie ce mot ?
«La halka, c’est la forme théâtrale la plus ancienne et la plus populaire au Maroc. Ces spectacles se retrouvent sur toutes les places publiques, que ce soit dans les villes ou les villages. C’est un espace d’expression artistique qui est commun à tous les artistes, qu’ils soient acrobates, danseurs, poètes, chanteurs ou musiciens. Malheureusement, cette forme artistique est en voie de disparition. À leurs débuts, tous les acrobates ont commencé par une halka. Ils avaient envie d’interroger cette partie de leur patrimoine culturel, d’une manière contemporaine. »
Que retrouve-t-on dans Halka ?
« C’est un spectacle très acrobatique. Il est aussi musical et poétique. Il y a des chants, de la danse. C’est pour tous les publics. C’est assez joyeux. [...] Halka est la première création collective de la compagnie. Les artistes ont travaillé en collaboration avec Abdelazide Senhadji, de la compagnie XY. »
Combien y a-t-il d’artistes dans le spectacle ?
« Il y en a 14, dont 12 acrobates. Il y a aussi deux musiciens. En tout, ils seront 19 à faire le voyage au Canada. Ils vont y rester un mois ! »
En plus de Montréal, la troupe ira-t-elle visiter d’autres villes canadiennes ?
« Oui, il y aura Toronto, Winnipeg et
Vancouver [cette tournée pancanadienne est possible grâce à la TOHU et le soutien du Conseil des arts du Canada]. L’idée est d’aller à la rencontre du public canadien un peu partout. Il y a certaines villes qui ne pourront accueillir le spectacle, mais nous allons proposer d’autres choses, dont des ateliers, une foire du spectacle, des rencontres et un concert de musique berbère. On veut partager notre culture, cette tradition d’acrobatie marocaine et de musique berbère. »
Que connaissent les acrobates marocains de Montréal et de notre histoire avec le cirque ?
« Pour les acrobates marocains, la seule référence en cirque, c’est le Cirque du Soleil. Ils ne connaissent pas les autres cirques. Le Cirque du Soleil est déjà venu plusieurs fois au Maroc. Ce n’est toutefois pas forcément à la portée de tout le monde, car les places étaient très chères. En fait, c’est la haute bourgeoisie marocaine qui a pu profiter du spectacle, malheureusement. »
Le choc thermique sera sûrement très grand pour les artistes marocains à leur arrivée à Montréal. Les avez-vous préparés à notre hiver québécois ?
« Oui ! J’ai fait le tour de tout le monde pour m’assurer qu’ils avaient acheté tout ce qu’il fallait. Ils ont leurs habits. A priori, ils sont tous bien équipés. Ils ont regardé la météo et même les infos au Québec. Ils sont prêts ! »
Ce premier passage au Canada pour la compagnie pourrait-il vous aider à développer davantage le marché nord-américain ?
« C’est ce qu’on espère. Avec notre premier spectacle, autour de 2007, on était allés jouer à New York. On souhaite pouvoir accéder à ce réseau-là qu’on ne connaît pas du tout. Pouvoir développer le marché à l’international, ce serait vraiment chouette. »
Le Groupe acrobatique de Tanger présentera son spectacle Halka du 29 janvier au 9 février à la TOHU, à Montréal. Pour les détails: tohu.ca.