Le Journal de Montreal - Weekend
EMINEM ÉVITE (DE JUSTESSE) UN AUTRE MOMENT OK BOOMER
En 2018, Eminem dévoilait Kamikaze, un album-surprise au titre équivoque.
En plus de tirer à boulets rouges, le vétéran allait se faire qualifier de papi bourru, voire homophobe, par bon nombre de critiques et, pire encore, par ses congénères. Cerise sur le sundae : il allait mordre à l’hameçon lancé via une « diss track » signée Machine Gun Kelly, un « jeune » rappeur qui ne méritait pourtant pas son attention.
Deux ans plus tard, donc, et Eminem dévoile un second LP sans tambour ni trompette au titre — une référence à Alfred Hitchcock — qui ne laisse pas indifférent. Manque-t-il la cible à nouveau ? Oui et non.
UN PEU DE TOUT POUR TOUT LE MONDE
Encore une fois, Marshall Mathers semble divisé entre Eminem, icône ultra populaire, et Slim Shady, son alter ego scabreux qui se veut plus « underground ».
Bien qu’un LP hyper grand public (à la Revival [2017], disons) aurait été aussi lourd qu’un album « retour aux sources » où le rappeur ne fait que cracher vacheries et blagounettes adolescentes à vitesse grand V, le dosage des deux pans de sa carrière est tout de même déstabilisant ici.
UN COUP DU LAPIN MUSICAL
Pour chaque Darkness –une pièce à la Stan où il dénonce (maladroitement) le culte des armes à feu et la tuerie de Las Vegas de 2017 —, Eminem glisse également des titres douteux à la Those Kinda Nights qui est – par exemple – 1, paresseusement sexistes (sérieux, c’est vraiment fait que pour « choquer ») et 2, compte sur une participation inutile d’Ed Sheeran (il n’offre pas vraiment de « plus-value » à la chanson outre sa présence).
On évite donc le marasme de Kamikaze, mais de peu. Pour fans seulement, bref (s’il en reste).